Influenceur chrétien sur la toile, Ashur Sarnaya a été tué le 10 septembre au pied de son immeuble. Arrêté en Italie, un suspect algérien doit être extradé. Il s’agit du troisième attentat islamiste en France en 2025.
Chrétien d’Irak, Ashur Sarnaya, 45ans, avait fui la terreur de Daech et quitté son pays depuis de longues années en espérant trouver la paix et la sécurité en France. Le 10 septembre, il est mort égorgé par un terroriste islamiste en bas de son immeuble lyonnais. Après des semaines de soupçons nés dès le début des investigations, il apparaît bien en effet que cet handicapé et influenceur chrétien sur la toile a été la victime du troisième attentat islamiste perpétré en France en 2025 après les attaques d’Apt le 25 janvier et de Mulhouse le 22 février.
Le 9 octobre, le pôle antiterroriste de l’instruction du tribunal judiciaire de Paris s’est saisi de l’affaire pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste ». Le 13 octobre, un communiqué commun du parquet de Lyon et du parquet national antiterroriste a évoqué les «dernières avancées intervenues sur commission rogatoire».
La justice française attend à présent l’extradition du suspect de ce crime, un Algérien de 37 ans interpellé le 2 octobre à Andria (région des Pouilles, au sud de la botte italienne) après une cavale et une traque de plus de trois semaines. Identifié par des investigations techniques et repéré aux environs immédiats des lieux du drame, l’homme, connu de la police et de la justice, était visé par un mandat d’arrêt européen pour meurtre avec préméditation en lien avec la religion de la victime. De source judiciaire, le suspect aurait délibérément visé Ashur Sarnaya dans le but « de troubler gravement l’ordre public par l’intimidation et la terreur » ce qui explique la saisine de la justice antiterroriste.
Frappé à la gorge
Dès l’origine, les faits semblaient inquiétants. Au soir du 10 septembre, dans l’ouest de la capitale des Gaules, Ashur Sarnaya arrivait au bas de son immeuble dans son fauteuil roulant. Comme il en avait l’habitude, il réalisait une vidéo en direct sur l’application TikTok, vidéo évoquant la religion chrétienne. L’Irakien était connu comme un influenceur parlant de sa foi et des événements survenus dans son pays. Mais ce 10 septembre, un homme l’attendait dans l’ombre et l’attaquait en plein direct, le frappant à la gorge à l’aide d’une arme blanche. L’agresseur prenait la fuite à pied. Selon sa sœur, l’influenceur avait déjà été visé par des menaces de mort sur la toile et était harcelé sur les réseaux.
Au vu de la personnalité de la victime et des circonstances du crime, la thèse d’un crime de rôdeur ou de trafiquant de stupéfiants dérangé dans ses affaires semblait très peu crédible. Ashur Sarnaya avait été visiblement victime d’un guet-apens et son assassinat avait tout d’un « message » sanglant contre un « mécréant » faisant l’éloge du christianisme et d’origine arabe et moyen-orientale de surcroît. Dès le début de l’enquête, le parquet national antiterroriste était en observation et la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire suivait le dossier.
Inquiétudes des chrétiens d’Orient
Le parcours de l’assassin présumé était tout aussi éclairant. Dès après les faits, cet Algérien prenait la route du sud. Des investigations techniques permettaient de repérer son passage à Milan le 12 septembre à bord d’un bus, puis à Rome où il restait jusqu’au 24 septembre. Il était ensuite accueilli par un compatriote, dont le rôle doit être clarifié, à Andria, non loin de Bari (Pouilles). Avant d’y être cueilli par la police italienne le 2 octobre.
Ce drame avive encore le traumatisme des chrétiens d’Orient réfugiés en France. Mais aussi leurs inquiétudes car on relève régulièrement des menaces ou des intimidations islamistes les visant dans les villes où ils demeurent. Le 28 septembre, un rassemblement à la mémoire d’Ashur Sarnaya et contre les persécutions des chrétiens dans le monde a été organisé à Paris.