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Gunnar Svanberg Skulason.

Jamais les bureaux vacants n’ont été aussi nombreux en Île-de-France. Fin septembre 2025, 6,126 millions de mètres carrés restaient inoccupés dans la région parisienne, selon les chiffres d’Immostat publiés le 6 octobre. Un volume en hausse de 17 % sur un an, qui marque un nouveau record après plusieurs années de progression continue. « L’offre immédiate a plus que doublé depuis le Covid, alors qu’elle se situait sous les 3 millions de mètres carrés », a rappelé Pierre-Édouard Boudot, directeur exécutif recherche et stratégie chez CBRE, lors d’un point de conjoncture organisé par l’Observatoire régional de l’immobilier d’entreprise (Orie).

Une vacance qui s’installe

La tendance semble durable : sur les 6,1 millions de mètres carrés actuellement inoccupés, 1,8 million le sont depuis plus de 4 ans. Résultat, le taux de vacance atteint désormais 11 % à l’échelle francilienne. Il frôle les 32 % en périphérie de La Défense (Nanterre, Rueil-Malmaison, etc.) et dépasse 28 % en première couronne nord (Saint-Denis, etc.). Dans le quartier de La Défense, il se stabilise à 15 %. Fait inédit, même le cœur de Paris, longtemps épargné, est touché. Le taux de vacance grimpe à 5 % dans le quartier central des affaires (8e arrondissement et une partie des 1er, 2e, 9e, 16e et 17e). Certes, ce niveau reste faible, mais il contraste avec le point bas de 2,4 % atteint en 2023, quand le marché était en quasi-pénurie d’offres.

Télétravail, attentisme et chute de la demande

Les causes de cette situation sont bien connues. Le développement du télétravail conduit les entreprises à réduire leurs surfaces lors des renégociations de baux, en privilégiant les postes partagés et le flex office. Parallèlement, la demande placée (locations et ventes à utilisateurs) s’effondre : seulement 1,193 million de m² ont été placés entre janvier et septembre, soit une baisse de 8 % sur un an et de 21 % par rapport à la moyenne des 10 dernières années. Parallèlement, d’importants programmes neufs ont été livrés récemment, accentuant le déséquilibre. À cela s’ajoute un climat économique et politique incertain, qui nourrit l’attentisme des directions d’entreprise. Les grandes transactions (plus de 5 000 m²) reculent ainsi de 21 % depuis janvier, contre -9 % pour les surfaces plus modestes.

Des bureaux devenus obsolètes

Au-delà de la conjoncture, une partie du parc semble condamnée à rester inoccupée. « Près de la moitié des surfaces vacantes ne retrouveront pas preneur. Elles sont devenues obsolètes : trop grandes, mal situées ou inadaptées aux nouveaux usages », estime Pierre-Édouard Boudot. La reconversion en logements, en espaces logistiques ou en locaux d’activité apparaît comme une solution. Mais elle se heurte à de nombreux freins, financiers, techniques… et surtout politiques. « Le principal blocage est aujourd’hui d’ordre politique : beaucoup de villes n’ont pas encore fait le deuil de l’occupation de bureaux et des recettes fiscales qui vont avec », souligne Audrey Camus, directrice générale d’Icade.

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