Sur les 12,3 millions d’habitants d’Ile-de-France, 1,3 million sont victimes du mal-logement et près de 2,9 millions sont «en grande fragilité vis-à-vis du logement». Une situation qui s’aggrave à mesure que la crise du secteur, qui frappe de plein fouet la région la plus peuplée et la plus riche de France, s’exacerbe, alerte la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé-Pierre) dans son éclairage régional sur l’état du mal-logement rendu public ce lundi 13 octobre et qui fait un point sur des chiffres peu réjouissants. Libération en a compilé certains parmi les plus éloquents.

En 2025, au moins 125 600 Franciliens seraient «sans domicile personnel», c’est-à-dire totalement sans abri, accueillis dans des dispositifs d’hébergement, ou vivant dans des bidonvilles. Parmi eux, selon les derniers comptages effectués lors de la Nuit de la solidarité, 4 275 personnes dormiraient à la rue, dont 3 507 à Paris – des chiffres forcément sous-estimés au vu de la difficulté de les comptabiliser. Dans la région, chaque soir, ils sont environ 2 000 à rester sans solution d’hébergement malgré leurs appels au 115. En 2024, parmi les demandeurs de logement social, 41 079 ménages étaient sans abri ou vivaient dans des abris de fortune, et 207 392 étaient hébergés par des tiers – une hausse de 30 % depuis 2019.

Pour qui n’est pas en capacité de payer les loyers du parc privé, accéder au logement social en Ile-de-France relève désormais du «parcours du combattant» : fin 2024, 888 000 ménages étaient en attente d’un logement social dans la région, soit un tiers de la demande nationale. Pour seulement 65 000 attributions, soit 93 % des demandeurs sans proposition, forcés de refaire une demande pour l’année suivante.

En vingt ans, souligne le rapport, les prix des appartements ont augmenté 4,5 fois plus vite que les revenus des Franciliens, qui doivent de ce fait «consacrer une part croissante de leurs revenus à se loger, au détriment d’autres besoins essentiels comme l’alimentation ou la santé». Ce qui rend la propriété de plus en plus inaccessible : à Paris, moins de 6 % des couples sans enfants locataires du parc privé peuvent désormais se permettre d’acheter un appartement. Dans le parc privé, la part du loyer atteint près de 35 % des ressources des ménages les plus modestes, et les expulsions locatives explosent : 8 106 en Ile-de-France en 2024, un record.

Près d’un million de Franciliens vivent à l’heure actuelle dans des conditions très difficiles dans leur logement : soit la privation de confort (absence d’eau courante, de douche, de WC intérieurs, de coin cuisine, d’un moyen de chauffage…) soit la «suroccupation accentuée», c’est-à-dire un logement trop petit par rapport au nombre d’occupants. Dans le privé et le social, 30 % des locataires franciliens sont dans cette situation de suroccupation, 2,2 fois plus que la moyenne nationale. En outre, 870 000 ménages, soit 17 % des habitants de la région, souffrent de précarité énergétique.