l’essentiel
Composé d’architectes, designers, graphistes, ce collectif a investi et réhabilité une maison art déco de 1933, au cœur de Cahors. Un lieu unique en ville à découvrir à l’occasion des Journées nationales de l’architecture.
Parler d’un espace de coworking, serait se méprendre sur l’esprit du lieu. Ici, à Boada, au 69 rue des Cadourques, à quelques pas du boulevard Gambetta, les occupants « font corps » avec le bâtiment. Un lieu atypique à découvrir du jeudi 16 au samedi 18 octobre, à l’occasion des Journées nationales de l’architecture.
Certes, on y trouve des espaces communs, une cuisine collective, une salle de bain, des salles de réunion. Certes, on y partage du matériel et on dispose de son bureau. Mais avoir choisi le nom occitan de « boada » n’a rien d’anodin. Par extension, ce terme désigne l’idée de mise en commun pour parvenir à une œuvre collective.
Une organisation collégiale
Boada est donc un collectif de quatorze professionnels de la création qui regroupe des architectes, graphistes, designers ainsi que la coopérative Virgocoop engagée dans la filière chanvre. Tous insistent sur leur ancrage local, primordial. Et sur cette volonté de « faire ensemble ». « Ici, on ne loue pas juste un bureau pour travailler, insiste Virginie Sévigné, architecte. Nous sommes tous propriétaires, l’organisation est collégiale, la gouvernance partagée, l’investissement personnel aussi. »
Créé en 2022, le collectif a intégré la maison de la rue des Cadourques en février 2023. « Ça faisait un an qu’on cherchait l’endroit idéal en centre-ville de Cahors », resitue Virginie Sévigné. Pas n’importe quel endroit, une maison d’architecte sur deux étages, construite en 1933 par Georges Vizon. « Il y a très peu de bâtiments avec cette architecture à Cahors. C’est un puissant marqueur de l’époque. » En 2022, le bâti n’a plus sa beauté d’antan. « Mais elle a une gueule, cette maison », résume Marlène Barthélémy, graphiste.
Faire perdurer une œuvre architecturale
Un an de travaux a été nécessaire pour lui redonner son lustre. « À chaque étape, pour chaque élément, on s’est demandé comment restaurer, comment réhabiliter, pose Virginie Sévigné. Ça nous plaisait beaucoup de prendre une œuvre architecturale et de la faire perdurer. » « Sans que Georges Vizon ne se retourne dans sa tombe », complète l’architecte Yann Ouvrieux.
La façade a retrouvé sa couleur ocre terre du Quercy. Les vitraux violets et vert cathédrale ont été nettoyés ou remplacés, les garde-corps métalliques préservés. Ces éléments (symboles de la vigne, supposent les membres de Boada) confèrent à l’ensemble un style unique, rare à Cahors.
La maison a été réhabilitée dans le respect de son style art déco d’origine.
E. N.
Une maison vertueuse
À l’intérieur, les architectes et graphistes ont conservé le sol en terrazzo, respecté le cloisonnement d’origine, restauré le toit-terrasse qui plonge sur l’inattendu jardin à l’arrière du bâtiment. « On a utilisé des enduits à la terre, à la chaux, des déchets de fibres de chanvre pour l’isolation », insiste Virginie Sévigné. Toujours dans une démarche vertueuse : le toit comporte des panneaux photovoltaïques, la chaudière collective fonctionne aux granulés bois. Cette démarche leur a permis d’obtenir des aides de la ville notamment.
Seule concession à la modernité : deux grandes vitrines au rez-de-chaussée, pour voir, mais aussi être vu. Jouer la transparence, s’ouvrir sur l’extérieur. Et marquer un peu plus encore son ancrage dans la ville.
Il est également possible de louer un bureau au sein de Boada, contact boada-cahors.fr
Trois jours pour découvrir le lieu
La maison Boada a déjà ouvert ses portes au public, lors d’événements tels que Cahors Juin Jardins, pour accueillir des expositions ou des ateliers créatifs. Mais c’est la première fois que le collectif participe aux Journées nationales de l’architecture. Jeudi 16 et vendredi 17 octobre, de 9 h à 18 h, le lieu sera largement ouvert au public et se dévoilera à travers deux parcours en déambulation libre, avec des encarts explicatifs apposés à bon escient. Le premier sera consacré au lieu lui-même, aux différentes étapes de la réhabilitation de cette fameuse maison. Le second parlera des acteurs de Boada, qui est qui, quelle est son activité.
Et samedi, le lieu restera ouvert toute la journée à partir de 10 h. Les membres du collectif ont prévu de s’atteler à la fabrication de tables provenant de matériau de récupération. Puis à partir de 18 h, trois interventions se succéderont sur « Faire avec – Le patrimoine bâti du XXe siècle ». Laure Courget, directrice du patrimoine à la ville de Cahors, interviendra sur le patrimoine bâti au début du XXe siècle. Suivra une explication sur la maison elle-même. Puis Mathieu Larribe, directeur du CAUE du Lot, expliquera comment valoriser le patrimoine bâti du XXe siècle.
N’hésitez pas à pousser les portes, mais il est recommandé de s’inscrire sur le site de Boada.