DÉCRYPTAGE – Les autorités de santé misent sur une stratégie simplifiée et des vaccins plus performants pour renforcer la protection des personnes âgées et vulnérables. L’hiver dernier, la grippe avait fait plus de 17.000 morts.
« L’hiver dernier, nous avons connu une épidémie de grippe historiquement sévère, tant en termes d’hospitalisations que de décès », explique le Dr Antonin Bal, directeur adjoint du Centre national de référence des virus respiratoires (CNR), à aux Hospices Civils de Lyon. Selon les estimations de Santé publique France, le virus aurait provoqué la mort de 17.600 personnes, dont 92 % avaient plus de 65 ans. La saison 2025-2026 sera donc placée sous haute vigilance. L’objectif est de limiter la propagation du virus au maximum à travers une campagne efficace de vaccination combinée grippe et Covid, qui démarre ce mardi.
La vaccination est fortement recommandée pour les seniors (plus de 65 ans), les personnes atteintes de maladies chroniques, les femmes enceintes ainsi que les professionnels de santé et l’entourage des personnes fragiles. « La vaccination n’a pas pour but d’empêcher toute infection, mais de prévenirles formes graves », rappelle le Dr Antonin Bal. « C’est pour cela qu’elle est recommandée à toutes les personnes à risque. C’est un geste de prévention avant tout. »
Comme chaque année, 19 millions de bons de prise en charge ont été envoyés, avant le début de la campagne de vaccination, par l’Assurance-maladie. Ce bon garantit une prise en charge à 100 % du vaccin et de l’injection. Les bénéficiaires peuvent alors se faire vacciner directement en pharmacie, chez leur médecin, leur infirmier ou bien leur sage-femme. Les deux vaccins, grippe et Covid, peuvent être administrés le même jour, et sans délai à respecter entre les deux piqûres, en deux points d’injections différents (un sur chaque bras, par exemple). Pour les plus de 17 ans qui ne sont pas considérés à risque, le vaccin coûte entre 10 et 13 euros. Il est néanmoins remboursé s’il est prescrit par votre médecin. Il est en outre souvent possible de se faire vacciner gratuitement sur son lieu de travail.
Deux nouveaux vaccins antigrippaux
La principale nouveauté cette année réside dans l’introduction de deux vaccins antigrippaux spécifiques pour les plus de 65 ans : Efluelda (Sanofi) et Fluad (CSL Seqirus). Le premier délivre une dose avec quatre fois plus d’antigènes viraux, par rapport à un vaccin standard, tandis que le second contient un adjuvant immunostimulant (MF59), destiné à renforcer la réponse immunitaire. « Ces vaccins permettent une meilleure stimulation du système immunitaire chez les seniors, dont la réponse vaccinale est naturellement diminuée », explique le Dr Antonin Bal.
D’autres vaccins, plus classiques, Vaxigrip, Influvac et Flucelvax, seront, eux, utilisés pour le reste de la population. L’autre évolution de cette campagne réside dans le retour des vaccins trivalents. Cette année, les vaccins protègent contre trois souches de virus grippaux (A/H1N1, A/H3N2 et B/Victoria). La quatrième souche (B/Yamagata) a disparu de la circulation depuis 2020, rendant inutile la formule quadrivalente utilisée auparavant.
Du côté du Covid-19, c’est le vaccin monovalent Comirnaty qui a été privilégié et qui devrait conserver son efficacité contre le dernier variant XFG surveillé grâce au séquençage des prélèvements positifs (surnommé de manière officieuse Frankenstein). « Le vaccin disponible cette saison est proche antigéniquement du variant XFG, on s’attend donc à une bonne protection, en particulier contre les formes sévères », explique le virologue. En tout, 14 millions de doses de vaccins antigrippaux et 12 millions de doses contre le Covid sont prévues pour cette saison.
Relancer la dynamique vaccinale
L’enjeu de cette campagne reste d’enrayer la baisse de la couverture vaccinale. L’hiver dernier, seules 46,5 % des personnes à risque avaient reçu le vaccin contre la grippe et 21,7 % des plus de 65 ans celui contre le Covid. Pourtant, 80 % des seniors se déclarent favorables à la vaccination. « L’objectif est d’atteindre les recommandations de l’OMS , qui vise une couverture vaccinale de 75 % pour les populations les plus à risque, explique le Dr Antonin Bal. Il y a une vraie marge de progression. »
Pour renforcer la couverture vaccinale, l’Assurance-maladie mise vers plus de communication avec une campagne nationale, à la télévision, mais aussi à travers les réseaux sociaux pour aller chercher un public plus jeune. « La confiance des Français dans la vaccination repose sur la clarté et la cohérence de nos messages », a résumé le Pr Didier Lepelletier, directeur général de la santé, lors d’un point presse. « La vaccination ne vise pas à éviter toute contamination, mais à prévenir les formes graves chez les personnes à risque, insiste le Dr Antonin Bal. Se protéger, c’est aussi protéger les autres, c’est une responsabilité collective. »