Avec 135 œuvres de Paul Cezanne réunies au musée Granet, on se doutait que l’exposition événement allait attirer un important nombre de visiteurs. En un peu plus de trois mois, ce sont près de 350 000 personnes qui ont poussé les portes du musée aixois, selon les chiffres (pas encore totalement consolidés) communiqués lundi 13 octobre par la Ville d’Aix. Le record de 2006 de 450 000 visiteurs, pour « Cezanne en Provence », n’est pas tombé, mais le chiffre de cette expo consacrée au Jas de Bouffan reste impressionnant, et dans l’étiage de l’expo Picasso-Cezanne en 2009 (371 000)

« C’est vraiment très satisfaisant, on a atteint nos objectifs, et on est même dans la fourchette haute, savoure Bruno Ely, directeur du musée Granet. On a atteint le maximum de ce que l’on pouvait faire au musée, les jauges étaient au taquet, on était à guichets fermés les derniers jours. ‘Cezanne au Jas de Bouffan’, c’était un sujet neuf, qui n’a jamais été traité, et on a eu des retours extraordinairement positifs ! »

Plus globalement, l’année Cezanne dans son ensemble a trouvé son public. Et les recettes liées à l’événement ont été bien plus élevées que prévu, a-t-on appris lors du conseil municipal du vendredi 10 octobre.

« Comment amortir la dépense ? »

Lors de la séance, Pierre-Paul Calendini, pour le groupe d’opposition Aix au cœur dirigée par Anne-Laurence Petel (Renaissance), avait pourtant reproché un tribut trop lourd pour les finances de la ville. Avec un calcul un peu rapide, il arrivait, en tablant sur une fourchette de 300 000 visiteurs payant le plein tarif de 23 euros, « à 6,9 millions d’euros de recettes. Soit un montant très éloigné des 25 à 30 millions d’euros d’investissement de la part de la commune. Si nous nous félicitons du succès de cette exposition, pourriez-vous préciser, madame le maire, comment amortir cette dépense avec la situation budgétaire d’Aix-en-Provence, dégradée depuis 2021 ? » 

L’occasion pour le maire Sophie Joissains (UDI) de « clarifier les choses Sur les chiffres, il faut distinguer investissement et fonctionnement. Et il faut savoir que les dépenses en investissement étaient inscrites dans le temps. » Les acquisitions se sont faites au fur et à mesure, de la bastide à la ferme du Jas par exemple. Et la restauration d’un tel ensemble patrimonial relève aussi d’une stratégie de long terme, avec des monuments « qui resteront à la disposition des Aixois, et grâce auxquels, dans les années à venir, nous attendons aussi nombre de recettes », a souligné le maire.

Sophie Joissains a ensuite fait dans le détail : 3,566 M€ d’investissements pour les Lauves, avec 1,797 M€ de recettes, soit « un cofinancement de 50% ». Pour la bastide, 12,722 M€ de dépenses, et 6,8 M€ de recettes, soit 53% de cofinancement. Pour le volet fonctionnement, le montant de l’effort financier s’élève à 7,660 M€, alors que les recettes ont (tout juste) dépassé les 7 M€. « Nous avions prévu qu’il y aurait 3 M€ de reste à charge, et ce reste à charge est aujourd’hui de 625 102 € », a annoncé Sophie Joissains. Tout en rappelant que la Ville et ses commerçants, hôteliers et restaurateurs ont aussi profité de l’événement, les études faisant état de 7 à 10 € de retombées économiques pour un euro investi dans la culture ou le patrimoine.  

« Les Aixois se sont totalement approprié cet événement, a ajouté l’élue UDI, jusqu’aux clubs de sport qui ont désiré avoir de maillots floqués Cezanne; jusqu’aux restaurateurs qui ont promu le menu Cezanne ! »

Outre l’exposition, les sites cezanniens aixois connaissent aussi un véritable engouement. La bastide du Jas de Bouffan a dépassé les 60 000 venues, l’atelier des Lauves flirte avec les 40 000, soit un total de 100 000 visiteurs pour les deux lieux rénovés par la Ville. Et les réservations sont « sold out » jusqu’à leur fermeture hivernale, le 2 novembre prochain. La Petite Galerie Cezanne restera de son côté ouverte jusqu’au 21 décembre, et plus de 400 classes y ont déjà été reçues.