Des manifestations d’une ampleur inédite ont secoué ces dernières semaines Madagascar, pays insulaire au large de l’Afrique, poussant son président, farouchement opposé au système en place, à s’exiler à bord d’un avion militaire français, d’après la radio française RFI. Il affirme se trouver « dans un lieu sécurisé » après avoir échappé à une « tentative d’assassinat ».

Un entrepreneur devenu homme d’État

Né le 30 mai 1974 à Antsirabe, Andry Nirina Rajoelina est un entrepreneur devenu homme d’État. Il fonde d’abord plusieurs entreprises dans les secteurs de l’événementiel et de la publicité avant d’être élu maire d’Antananarivo, capitale malgache, en 2007. Il prend le pouvoir en 2009 contre Marc Ravalomanana, dans un contexte de forte contestation populaire.

Président de la Transition jusqu’en 2014, il revient au pouvoir en 2019 après avoir remporté les élections présidentielles, puis est réélu en 2023. Sa gouvernance est marquée par des promesses de développement économique, mais aussi par des controverses, notamment sur la corruption et la gestion autoritaire du pouvoir.

Une crise sociale devenue politique

Depuis le 25 septembre 2025, Madagascar est secoué par des manifestations massives, initialement déclenchées par des coupures d’eau et d’électricité. Le mouvement, porté par la jeunesse malgache et le collectif Gen Z, s’est rapidement transformé en une contestation politique généralisée, dénonçant la corruption, la pauvreté et la mauvaise gouvernance.

La répression des manifestations a fait au moins 22 morts selon l’ONU. Plusieurs unités de l’armée, dont l’élite Capsat, ont rallié les manifestants, accentuant la pression sur le président.

Une exfiltration sous tension

Face à l’escalade, Andry Rajoelina a été discrètement évacué le 12 octobre par hélicoptère vers l’île Sainte-Marie, puis embarqué à bord d’un avion militaire français à destination de La Réunion. Il aurait ensuite poursuivi son voyage vers Dubaï avec sa famille.

Cette opération, validée par un accord entre Emmanuel Macron et Rajoelina, est présentée par Paris comme une mesure de sécurité, sans ingérence politique. La France insiste sur sa neutralité et exclut toute intervention militaire sur le territoire malgache.

Et maintenant ?

Le départ du président laisse Madagascar dans une incertitude politique profonde. Le président du Sénat a été désigné chef d’État par intérim, tandis que des procédures d’impeachment sont en cours au Parlement. La communauté internationale, dont l’Union Africaine, suit la situation avec inquiétude.

Le peuple malgache, majoritairement jeune, continue de réclamer un changement radical.