Le marché des voitures électriques d’occasion poursuit sa progression, porté par un afflux de modèles récents et une demande soutenue. Mais derrière la dynamique globale, la structuration du secteur, les enjeux de délai, de financement, de prix ou de modèles révèlent une transformation complexe, loin d’une simple substitution du thermique. Pire, si certaines voitures restent des valeurs sûres à la revente, les délais de vente continuent de s’allonger.
Alors que la motorisation électrique s’ancre lentement dans le parc automobile français, Mobilians et l’Avere-France livrent leur baromètre trimestriel dédié au marché des véhicules électriques d’occasion (VEO). Si l’on retient le chiffre fort du troisième trimestre 2025, 43 958 transactions de VEO ont été enregistrées, soit une hausse de 21 % en un an et de 10 % sur trois mois. Cette accélération traduit l’élargissement du vivier de modèles, mais aussi l’entrée en force de nouveaux usages et d’une segmentation de plus en plus fine, tant côté acheteurs que vendeurs.
La Renault Zoé reste loin devant en occasion
Tendance forte : les voitures électriques d’occasion récentes (3 à 5 ans d’âge) constituent désormais 58 % des échanges professionnels, la rotation de ce segment s’effectuant autour de 158 jours avant revente. Les modèles les plus diffusés – Renault Zoé, Peugeot e-208, Fiat 500e, Tesla Model 3 – continuent de truster les meilleures places, portés par une offre abondante et des valeurs de revente soutenue. En revanche, la dynamique une fois sortie du neuf diffère nettement selon la filière. Les réseaux professionnels conservent la main sur la majorité des transactions (84 % contre 76 % pour les voitures thermiques), avec des stocks en légère progression à 58 913 unités.
Dans ce contexte, le leasing poursuit sa montée en puissance et atteint une part de 34 % sur l’ensemble des VEO vendues, bondissant de 19 % en un trimestre. Le leasing séduit surtout les particuliers, qui y voient une réponse pragmatique aux incertitudes techniques et à la décote, alors même que les professionnels et les flottes connaissent un repli respectif de 15 % et 2 % sur leurs volumes.
Derrière la Renault Zoé, la Peugeot E-208 s’accroche à la seconde place, mais les volumes de transaction au T3 sont presque deux fois moindre.© PeugeotVoitures électriques d’occasion : des temps de revente encore rallongés
Autre indicateur marquant, voir inquiétant : la durée moyenne de revente s’allonge encore à 160 jours pour toutes les voitures électriques d’occasion confondues (contre 151 en T2), tout en restant inférieure à celle constatée un an plus tôt (166 jours). À titre de comparaison, une voiture thermique se revend en moyenne 139 jours. Les modèles de moins de 3 ans partent en 141 jours, tandis que ceux de plus de 5 ans demandent 206 jours. Dans certains segments, comme les D-SUV (Tesla Model Y, par exemple), on descend à 135 jours seulement. Attention aussi, les chiffres de reventes explosent à rallonge pour les DS3 Crossback (252 jours), Nissan Leaf II (238 jours) et Hyundai Kona (211 jours).
Sur le plan régional, notons que le délai de revente va de 119 jours en Île-de-France à 198 jours dans les Pays de la Loire, confirmant à priori des écarts de maturité locale importants dans l’acceptation de l’électrique d’occasion. D’ailleurs, le kilométrage moyen des voitures électriques vendues reste faible, 14 284 km, attestant d’un usage souvent urbain et d’une usure modérée malgré la multiplication des transactions.
Des prix parfois plus chers que le neuf
Le marché entre particuliers (C2C), reste pour l’instant modeste (6 276 transactions au T3, un chiffre 12 fois inférieur à celui des thermiques) mais la dynamique, +52 % sur un an, signe un accès progressif à des modèles récents, surtout âgés de 4,4 ans en moyenne contre 10,1 ans pour les thermiques. À noter : une voiture électrique d’occasion change de main 2,3 fois contre 3,1 pour une thermique, et le temps de détention progresse (576 jours contre 530 au trimestre précédent).
Côté prix aussi, la VEO récente (moins de trois ans) s’achète 32 936 € en moyenne, soit 18 % de moins que le neuf hors bonus, désormais autour de 39 948 €. Fait notable : la perte de valeur moyenne, d’environ 15 %, est désormais similaire entre l’électrique et le thermique. Toutefois, les variations sont très disparates selon l’offre et la demande : des citadines comme la Renault 5 E-Tech et la Citroën ë-C3 se vendent parfois plus cher que le neuf (+10 % à +19 %) pour cause de rareté ou d’options premium, alors que la Tesla Model Y, la Peugeot e-208 ou la VW ID.3, plus diffusées, affichent des décotes marquées (jusqu’à -25 %).