Renommé par Emmanuel Macron vendredi, l’avenir de Sébastien Lecornu comme Premier ministre ne se joue désormais plus à l’Élysée mais dans les locaux du Parti socialiste. Le RN et LFI comptent en effet le censurer dès cette semaine mais ils auront besoin pour cela des voix des socialistes.

Le parti d’Olivier Faure est donc en position de force face à un Sébastien Lecornu sur la corde raide. Le PS en a donc profité pour poser une condition pour ne pas voter contre le gouvernement – nommé dimanche soir – à l’Assemblée nationale : la suspension de la réforme des retraites.

Un premier Conseil des ministres

Pour commencer cette journée cruciale de mardi, un premier Conseil des ministres Lecornu II se tiendra le matin à 10 heures à l’Elysée. Le gouvernement présentera les projets de budget de l’Etat et de la Sécurité sociale, pour qu’ils soient transmis dans les temps au Parlement.

L’objectif est de garder le déficit en dessous des 5 % du PIB, au lieu de 4,7 % initialement prévu, un assouplissement qui laisse une marge de 9 milliards d’euros pour éventuellement satisfaire les demandes des oppositions. « Sur ces bases-là, nous allons pouvoir réviser complètement la copie qui va être présentée en Conseil des ministres », a prévenu lundi soir le Premier secrétaire du PS Olivier Faure, sur France 5.

Un discours décisif à partir de 15 heures

Mais avant d’en arriver à un débat budgétaire, il faudra que le gouvernement échappe à la censure. L’heure de vérité sera la déclaration de politique générale, quasi bouclée, que Sébastien Lecornu doit prononcer devant l’Assemblée à partir de 15 heures. Durant celle-ci, Olivier Faure souhaite apprendre une suspension « immédiate, complète » de la réforme des retraites. Il faut aussi « une contribution sur les plus gros patrimoines qui peut prendre différentes modalités » et la confirmation de l’abandon de « l’article 49.3 » de la Constitution qui permet d’adopter un texte sans vote, a ajouté sur France 2 l’ancien président François Hollande.

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Lors d’une réunion avec les chefs de parti vendredi, Emmanuel Macron avait esquissé une concession : un décalage dans le temps de « la mesure d’âge » de départ à la retraite (passage progressif à 64 ans), symbole de son deuxième quinquennat. Un geste insuffisant aux yeux du PS.

Lundi, depuis l’Egypte, où il assistait au sommet sur Gaza, le président a en outre appelé les partis à « se ressaisir » et à « œuvrer à la stabilité », au lieu de « faire des paris sur l’instabilité » dans une allusion à ceux qui espèrent une dissolution de l’Assemblée ou une présidentielle anticipée. Et au RN, les attaques fusent contre les socialistes. Le président du parti Jordan Bardella s’en est ainsi pris lundi à un PS qui tente « de se faire acheter » sur les retraites. Olivier Faure raillant en retour un « expert » en « matière de magouilles », et appelant le RN à clarifier sa position sur « la taxation des ultra-riches ».