Par
Yann Rivallan
Publié le
14 oct. 2025 à 6h56
En août 2021, la vie de Nadine bascule. En pleine soirée chez des amis, cette quinquagénaire de Rouen (Seine-Maritime) fait un malaise et tombe violemment en arrière. À son réveil, elle est entièrement paralysée. « Mes cervicales ont compressé ma moelle épinière », explique-t-elle. Depuis, elle se déplace à l’aide d’un fauteuil roulant. Elle peut seulement bouger sa tête : « Tout le reste de mon corps est immobile ».
4 500 euros à avancer tous les mois
Mais, en plus d’être une victime du destin, Nadine doit se battre contre le département. Depuis plusieurs mois, elle rencontre des difficultés avec un service du Département de la Seine-Maritime. Du fait de son handicap, elle a le droit à la PCH, la prestation de compensation du handicap.
En clair, la PCH est une aide financière octroyée par la maison du handicap et qui peut permettre de rembourser du matériel ou de payer des aides à domicile tous les mois. Dans son cas, Nadine a le droit aux deux types d’aides existantes : l’aide technique et l’aide humaine.
Au quotidien, deux à trois personnes viennent l’aider pour sa toilette, pour manger, pour ses soins. Des aides à domicile qui coûtent cher.
J’ai dû embaucher quelqu’un pour venir me donner à manger le midi.
Nadine
« Tous les mois, je dois avancer 4 500 euros de ma poche avant de percevoir la PCH », assure-t-elle. « Tout le monde n’a pas ça dans son portefeuille… »
Des « erreurs » depuis plusieurs mois
En février 2025, le service payeur du Département, celui-là même qui rembourse ses factures chaque mois, fait une erreur, selon elle : « Ils ne m’ont pas entièrement remboursé. »
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Après des échanges fastidieux, elle récupère finalement l’argent manquant. Mais rebelote au mois d’avril, puis en juin et en juillet. « C’est éprouvant », lâche-t-elle.
Début septembre 2025, elle estime son manque à environ 2 600 euros. Et malgré ses nombreux appels et échanges avec le service pour leur signaler une erreur, rien ne change.
Quand on les appelle, on a l’impression de les faire chier et qu’ils sont parfaits.
Nadine
Pourtant, à la fin du mois de septembre, la quinquagénaire reçoit un paiement bien supérieur aux factures qu’elle avait transmises pour ce mois-ci. « Ils ont réparé une partie de leurs erreurs sans rien dire », constate-t-elle. Mais il manque encore quelques centaines d’euros.
Elle ne serait pas la seule
D’après une source associative anonyme, Nadine ne serait pas la seule à rencontrer des problèmes avec ce service du Département de la Seine-Maritime. Les erreurs sont « fréquentes et récurrentes », selon celle-ci.
Sollicitée, Florence Thibaudeau-Rainot, vice-présidente du Département en charge des solidarités, reconnaît qu’il y a « un sujet ». Elle annonce d’ailleurs qu’elle va rencontrer l’APF, l’association des paralysés de France, au début du mois de novembre pour trouver des solutions.
Mais selon elle, le dossier de Nadine, comme d’autres personnes handicapées percevant la PCH, se confronte à des aspects « très techniques et parfois compliqués à comprendre ».
Plusieurs pistes pour expliquer les écarts
D’après elle, les difficultés que rencontre la Rouennaise sont probablement liées à « la majoration de tierce personne ».
Pour faire simple, il s’agit d’une majoration de la pension d’invalidité qui est accordée sous conditions. Nadine en bénéficie justement. Et cette majoration « doit être déduite de la PCH, ce qui peut expliquer les écarts [de montants] », constate la vice-présidente du Département.
Et puis, le versement de la PCH est toujours conditionné à la transmission de factures. Dans le cas de Nadine, elle a une aide à domicile en emploi direct, mais aussi deux passages d’agents d’une association.
Selon la vice-présidente du Département, c’est le recours à des agents d’associations qui peut complexifier les remboursements. « Parfois, les factures ne sont pas envoyées en temps et en heure », indique-t-elle. Et donc les versements peuvent être incomplets avant d’être rattrapés plus tard…
Pour tenter de résorber le problème, l’élue indique que le service du Département va essayer de verser intégralement la PCH sans attendre certaines factures. « Mais nous sommes limités par le Code de l’action sociale [la législation, NDLR]. Ce n’est pas un problème inhérent à notre département. Nous sommes tous [en France] dans ce cas. »
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