Elle a marqué la dernière saison de Drag Race France : All Stars par des prestations politiques et des déclarations engagées. Soa de Muse est le symbole d’un drag qui porte haut son héritage noir. Une piqûre de rappel nécessaire entre les strass et les paillettes.
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Quelles figures du cabaret parisien t’inspirent au quotidien dans ton art ?
Soa de Muse : C’est facile, Joséphine Baker, Lisette Malidor, Brenda Moore. C’est les trois figures noires qui ont travaillé dans l’univers du music-hall. Lisette Malidor et Brenda Moore sont toujours vivantes donc il faut les célébrer parce que ce sont des « icons » pour moi ! Joséphine Baker, son histoire est ultra intéressante. Certaines personnes vont juste la voir comme cette danseuse de revue qui dansait avec des bananes. Non, la meuf, c’était une rebelle, elle transmettait des messages dans des partitions. Elle écrivait des informations à l’encre invisible entre les Etats-Unis et la France. C’est un exemple de fou même si sa vie s’est terminée, malheureusement, de manière assez triste. Elle a bousculé énormément de choses, pour moi c’était un Cheval de Troie Joséphine Baker. Moi, j’ai envie de faire partie de l’histoire et que je suis un peu la génération future de ces personnalités-là. J’essaye de faire perdurer le truc.
Quels conseils tu donnerais aux jeunes qui ont envie de faire ce que tu fais mais qui n’osent pas se lancer ?
Rencontre des gens et surtout, renseigne-toi. Ne te lance pas pour te lancer, essaye de comprendre « qu’est-ce que l’histoire du cabaret ? », « qu’est-ce que l’histoire du drag ? », ne te réfère pas juste à une émission de télé-réalité, même si je la respecte. Il faut connaître l’histoire de la communauté queer, connaître l’histoire de la communauté LGBTQIA+, que c’était les femmes trans noires qui étaient déjà debout, déjà devant, qui se battaient pour nous. Il faut connaître l’histoire de la ball room scene ! C’est riche. Fais comme si tu faisais un master parce que ça va te permettre d’avoir une particularité que d’autres artistes n’ont pas, c’est le savoir de nos aïeules. Il faut se dire qu’on va faire perdurer l’histoire, qu’on va la rendre encore plus forte qu’elle ne l’est déjà !
Soa de Muse dans une tenue en hommage à William Dorsey Swann, ancien esclave et première personne drag de l’Histoire
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© Ussi’n Yala
Est-ce que ça change quelque chose de faire du drag en ayant toute connaissance du message qu’on porte ?
Je ne suis pas une personne parfaite, j’apprends toujours aujourd’hui mais je me dis que je n’ai pas envie que mon drag soit là juste pour faire joli et que t’aies une photo avec moi mais que tu ne saches même pas comment je parle, on n’a pas eu de vrais échanges. Je ne suis pas une icône. Une muse, elle est impalpable, elle inspire, peut-être, mais elle se nourrit aussi des artistes qu’il y a autour d’elle. Mon drag se nourrit de tout ce qui l’entoure, donc ce n’est pas le plus « polished » mais c’est celui que j’aime.
Le 20 octobre prochain, Soa de Muse et ses comparses Grand Soir, Bili Bellegarde et Mascare du cabaret La Bouche vous invitent à les rejoindre pour le Grand Gala de rentrée de la troupe au Théâtre de l’Atelier.