Samedi 24 octobre 2020, 8 h 32. Le corps d’Evandro, un Niçois de 19 ans, gît sur le sol d’une traverse située entre la cité du Mail et celle de la Busserine à Marseille, tenue par Guy Boakye. Le jeune homme est retrouvé sur le dos, un bras relevé au-dessus de la tête.
Son autre main tient encore la fermeture éclair de son sweat. Une exécution. Une balle dans la nuque « à bout touchant ou à très courte distance ».
Son corps présente « des traces de maltraitance infligées en plusieurs temps différents avant son décès ». Il est couvert d’ecchymoses, de lésions, de brûlures et de lacérations.
Le tout dissimulé par une superposition de vêtements. L’enquête ouverte pour meurtre en bande organisée s’est rapidement élargie à des faits de « séquestration avec acte de torture ».
Une disparition signalée cinq mois plus tôt
Sa famille avait signalé sa disparition le 15 mai 2020. Parents et fratrie assurent ignorer les raisons de ce départ précipité.
Mais une ex-petite amie déclare qu’Evandro rencontrait des problèmes avec des gens du quartier des Moulins à Nice sur fond de trafic de stups.
Une contravention reçue au domicile familial atteste d’un passage du gamin dans le Val d’Oise, à Franconville.
Des témoins racontent que l’ado, sans attaches, dormait tantôt dans la rue, tantôt dans un véhicule abandonné.
Une vie d’errance, avec parfois de courts répits. Une mère et son fils confient l’avoir hébergé quelques jours, touchés par la situation du jeune Niçois.
Il venait d’être poignardé. Un ado empêtré malgré lui dans une guerre de territoires ? D’après ces bons samaritains, il a quitté la ville environ deux semaines avant son décès.
Une dernière nuit à la Busserine
Le jeune Niçois, sans ressources, atterrit alors à la Busserine, à Marseille. Et ce, malgré la mise en garde d’un certain Samba, croisé sur la route qui lui avait confié y avoir été maltraité.
La logeuse Naceira confirme l’avoir hébergé, mais une nuit seulement. Le lendemain, elle assure que celui qu’elle identifie comme Ange-Nicoly S., « le noir costaud », est venu le chercher aux alentours de 2 heures du matin.
Evandro est abattu peu de temps après. Des voisins disent avoir entendu une détonation entre 3 heures et 4 heures du matin.
La date du procès aux assises n’est pas encore connue. Après quatre ans d’enquête, le parquet de Marseille renvoie Guy Boakye, Ange-Nicoly S., Naceira H. et Lounis L.
L’avocate de Guy Boakye, Maître May Sarah Vogelhut, indique que son client nie fermement toute implication dans la mort d’Evandro et argumente : « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous sommes allés devant la chambre d’instruction ». Les autres accusés affirment eux aussi n’être en rien impliqués dans la mort du jeune homme.