Chaque année, le dispositif Nantes City Lab permet à des porteurs de projet de tester de nouveaux usages sur le territoire. Cette année, les candidats sont invités à présenter des idées qui viendraient rendre la ville plus égalitaire.
C’est l’une des ambitions assumée de la maire socialiste Johanna Rolland : faire de Nantes une ville non-sexiste d’ici à 2030. Féminisation des rues, cours de récréation inclusives, budget sensible au genre… Tous les moyens sont bons pour parvenir à faire de la cité des Ducs un endroit qui «appartient autant aux femmes qu’aux hommes», selon les mots de l’édile. Dernier exemple en date, un appel à expérimenter vient d’être lancé autour du sujet «Pour des espaces publics non-sexistes». Ce mardi, une réunion d’information est organisée au café de la cité.
Les candidats ont jusqu’au 28 novembre pour se manifester s’ils sont prompts à «proposer des solutions en matière de conception et d’aménagement d’espaces publics non-sexistes», expliquent la métropole et la ville de Nantes, dans un communiqué commun. Plus précisément, l’objectif est «de permettre une appropriation plus égalitaire de l’espace public», détaille le cahier des charges. Les suggestions innovantes devront s’articuler autour de quatre thématiques : «changement de comportements», «parcours plus sécurisants», «espace public et parentalité», «nouveaux types d’espace».
100.000 euros de budget
«Les propositions pourraient être de l’ordre de dispositifs, de mobiliers, d’assises, de design, de produits, de signalétique, d’animations, de réalisations artistiques… Ce cahier des charges ne souhaite pas donner de liste fermée ni prescriptive afin de permettre à tous les projets d’émerger. Néanmoins, la proposition devra être suffisamment aboutie et rester dans le cadre d’une solution innovante», est-il précisé. Devant être déployées sur le territoire métropolitain, «les solutions retenues seront expérimentées sur une durée de 12 à 18 mois, de la mise en œuvre à l’arrêt de l’expérimentation». Le démarrage s’étalera entre avril et juillet 2026. La fin est fixée au plus tard à l’été 2027. «Les projets sélectionnés seront accompagnés financièrement à hauteur de 50% du coût de l’expérimentation, jusqu’à 25 000 euros HT maximum», précise le communiqué de presse.
Un budget total de 100.000 euros est consacré à cet appel à expérimenter, rendu possible dans le cadre d’un partenariat avec JCDecaux. Depuis 2017, le dispositif Nantes City Lab permet en effet de tester des projets innovants pour la ville, qu’il s’agisse de mobilités douces, de santé, d’énergie, d’habitat… Par exemple, en 2024, un radar pour coureurs avait été installé sur l’île de Nantes pour inviter les adeptes de jogging à mesurer leur vitesse.
Cette année, le thème retenu autour du sexisme s’inscrit dans la prolongation d’une évaluation dédiée au genre et à l’espace public à Nantes. Dix priorités ont été érigées à la suite d’observations menées entre 2024 et 2025. Certaines préconisations consistent à «diversifier les usages des espaces publics majoritairement occupés par des hommes», «développer des toilettes publiques accueillantes et adaptées aux besoins des femmes et personnes LGBTQIA+», «développer la pratique du vélo par les femmes», ou encore «penser la place de la parentalité dans les espaces publics». Un banc d’allaitement a ainsi été érigé cet été dans le centre-ville.
Cette vision féministe ne fait pas forcément l’unanimité. «En changeant le nom d’une rue, l’insécurité ne va pas disparaître, ni les agressions qui y règnent», avançait cet été dans nos colonnes la responsable de l’antenne régionale d’Éclats de Femmes, association visant à aider les femmes victimes d’agression sexuelle, en train de se déployer à Nantes.