« C’est encore très difficile d’en parler », confie Jane, traumatisée par la scène qui s’est déroulée devant ses yeux. Dix jours après l’attaque mortelle de son chien Némo, cette Parisienne du XXe arrondissement peine à évoquer le drame.

Le mardi 30 septembre, vers 18 heures, Jane effectue comme à son habitude sa promenade avec Némo, son spitz noir, animal de compagnie de la famille depuis 2020. « J’avais en tête de rejoindre le parc des Buttes Chaumont », se remémore-t-elle. Mais au numéro 150 rue Ménilmontant, à l’angle de la rue Hélène Jacubowicz, leur routine bascule.

Secoué et mordu violemment

Un chien « de type pitbull, beige clair, de corpulence musclée » a surgi « de nulle part », non tenu en laisse, sans muselière, ni collier. « Il provenait d’une sortie d’immeuble mal fermée en raison d’un chantier temporaire. Il a foncé à toute allure vers mon petit spitz noir et l’a attaqué très violemment. Il l’a pris dans la gueule et secoué à plusieurs reprises avant de le mordre violemment au thorax », détaille Jane.

Face à cette agression éclair, la propriétaire se retrouve démunie. « J’étais très choqué de ce que je voyais, je n’ai même pas eu le temps de réagir et de le prendre dans les bras comme j’aurais fait habituellement en cas de danger, culpabilise la maîtresse. J’étais impuissante, c’était trop rapide, trop brusque. »

Si Jane a tout de même tenté de le dégager de la gueule du chien agressif, « c’était trop difficile, comme il ne portait pas de collier je ne pouvais pas l’attraper », poursuit-elle. Avec l’aide de trois jeunes « qui semblaient surveiller le chien de loin », le chien beige a finalement lâché Némo mais « le mal était fait ».

Jane retrouve son chien « sur le sol, dans un bain de sang. Il était encore en vie à ce moment-là, mais il était absolument incapable de marcher ». Elle court avec son animal dans les bras jusqu’à un taxi pour rejoindre la clinique vétérinaire d’urgence, rue des Pyrénées. « On m’a expliqué que sa colonne vertébrale a été déplacée par les secousses. Il est décédé dans l’heure qui a suivi. Mon petit chien a été dévoré en pleine rue », s’émeut Jane.

Recherche du propriétaire

« Sur le moment, je ne pensais qu’à la survie de mon chien. Je n’ai pas demandé à qui appartenait le chien qui l’a attaqué mais les jeunes m’ont dit qu’il n’était pas à eux », explique Jane. Depuis, elle est retournée sur les lieux pour tenter de retrouver le maître, en vain.

Elle a déposé plainte ce vendredi 10 octobre au commissariat du XXe. « J’espère que l’enquête et les vidéos surveillances nous permettront d’identifier le propriétaire. Le chien est extrêmement dangereux et pourrait tuer d’autres chiens si rien n’est fait », insiste-t-elle.

« Quand un chien blesse ou tue un autre animal, il n’existe rien sur le plan pénal, ça relève du Code civil », expliquait déjà Stéphane Lamart, président de l’association éponyme pour la défense des animaux, dans une affaire similaire. Les propriétaires peuvent demander un dédommagement des frais vétérinaires, d’incinération et une somme pour préjudice moral.

L’association rappelle que le maire peut aussi décider de placer le chien en fourrière et demander à la police municipale de délivrer des contraventions de 38 euros aux propriétaires de chiens errants.

S’il s’agit réellement d’un pitbull, chien de catégorie 1, la loi est plus sévère. La réglementation française interdit leur acquisition, vente et importation. Sur la voie publique, ils doivent obligatoirement être muselés et tenus en laisse par une personne majeure. Leur propriétaire doit détenir un permis spécifique après formation et évaluation comportementale. Le non-respect expose à six mois de prison, 7 500 euros d’amende et la confiscation de l’animal.