La brasserie a le goût de ces moments festifs une ou deux fois dans l’année. Un de ces jours où, dans le temple des livres (en l’occurrence ici les albums BD), hommage est rendu aux auteurs invités à dédicacer leurs ouvrages. Mais où est également sortie la tireuse à bière, pour déguster une petite « mousse » brassée pour l’occasion, étiquetée de même. Histoire que bulles et bulles se rencontrent pour le meilleur, en laissant le pire de côté.

C’est à la microbrasserie La Grenaille qu’est revenue la responsabilité de mettre au point un breuvage ad hoc. Une partenaire habituée des lieux, qui n’en est d’ailleurs pas à son premier brassin bédéphile. Non seulement le brasseur fera le déplacement jusqu’à la librairie nancéienne, le samedi 26 avril, mais il recevra aussi dans son entreprise, le dimanche 27, à Rosières-aux-Salines.

Cette fois, l’étiquette se flattera d’être signée Michel Constant. Pas un hasard puisque ce dernier vient de sortir le 3 e tome de sa trilogie britannique : Déviation.

Trahison du père

Dans ce dernier opus toutefois, il est question moins de bière que d’emprise. Celle subie par une femme que son compagnon maltraite. « Pour moi, le meilleur des trois albums, considère Stéphane Godefroid, codirecteur de La Parenthèse. Notamment parce que le choix a été fait de ne jamais nous montrer l’agresseur. On le sent qui est là, qui pèse, et c’est hyperfort comme postulat. »

Jacques Terpant, un habitué des lieux lui aussi, opère avec  Ce qu’il reste de nous , un retour sur lui-même en une forme d’album « testamentaire ». Il y remonte aux sources ancestrales familiales et à l’histoire de sa région, pour tenter d’expliquer de quoi, lui, est fait aujourd’hui.

Quant à Sébastien Gnaedig, lui aussi s’intéressera à une histoire de transmission familiale. Pas forcément des plus heureuses, toutefois. Enfant de Salaud est l’adaptation du roman de Sorj Chalandon. Cet écrivain journaliste, obsédé par les errements troubles de son père d’un camp à l’autre durant l’occupation nazie en France, excédé par les mensonges pathologiques qu’il lui a servis pendant toute sa jeunesse, a été amené à couvrir le procès de Klaus Barbie pour le journal Libération.

Exposition d’originaux

C’est alors qu’il a choisi de tenter de confronter son père à ce passé manifestement honteux, et de lui faire cracher la vérité. Un récit intime à valeur universelle, d’autant plus poignant, que ce père honni, il ne parvient pas à le détester vraiment…

Ajoutons à ce programme déjà bien fourni qu’est simultanément montée une exposition d’originaux de Michel Constant, tirés de son dernier album. Avec, par ailleurs, une mise en vente d’une édition collector de sous-bocks, reprenant six des personnages clefs de sa trilogie.

Quand les bulles veulent se faire mousser, elles ne lésinent pas sur la densité !

À la Parenthèse (Nancy), samedi 26 avril, de 15 h à 19 h (sur réservations), puis à la brasserie La Grenaille, de Rosières-aux-Salines, dimanche 27, de 15 h à 19 h.