Gabriel Zucman photographié après un débat à l’Assemblée nationale le 1er octobre 2025.

STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Gabriel Zucman photographié après un débat à l’Assemblée nationale le 1er octobre 2025.

ÉCONOMIE – « [C’est] l’inverse de ce qu’il faudrait faire ». Après avoir mené une véritable campagne de presse tout au long du mois de septembre, Gabriel Zucman n’a pas eu gain de cause. L’économiste qui plaide pour l’instauration d’un impôt plancher de 2 % des ultra-riches n’a pu que constater que le gouvernement Lecornu II n’a pas voulu reprendre son idée. Selon un document consulté par l’AFP et Le HuffPost, ce mardi 14 octobre, l’exécutif prévoit plutôt, dans le budget 2026, d’instaurer une taxe sur les holdings patrimoniales à hauteur de 2 %.

« Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l’Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l’impôt », précise le document.

Elle devrait rapporter entre 1 et 1,5 milliard d’euros, très loin donc des 15 à 20 milliards promis par le dispositif de Gabriel Zucman. Pourquoi une telle différence ? Selon l’économiste, c’est tout simplement car « l’article prend soin d’exonérer quasiment toute la fortune des holdings » façon « panier percé de mille trous ».

À chaque fois qu’il a été question d’une mesure fiscale contre la suroptimisation, l’exécutif s’est toujours montré hostile à une quelconque taxation du patrimoine professionnel, pourtant au cœur de la taxe Zucman.

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« La taxe ne s’applique pas aux titres de participations : si une holding détient des actions LVMH, ceux-ci sont exonérés d’impôts », pas non plus « aux investissements dans des fonds de capital investissement, aux placements dans des PME, pas plus qu’aux liquidités récemment acquises, à celles résultant de la vente de titres… », liste longuement Gabriel Zucman sur X. Pour l’économiste, le gouvernement prend par ailleurs des largeurs avec la vérité en disant s’inspirer de la taxe américaine, puisqu’aux États-Unis, ce sont tous les revenus des holdings qui sont taxés.

Que reste-t-il dans l’assiette de cette taxe ? « Des voitures de course » et « quelques comptes bancaires dormants qui auraient été oubliés », tance encore l’économiste qui estime d’ailleurs que loin du milliard, le gouvernement devrait plutôt s’attendre à récupérer tout au plus quelques centaines de millions d’euros. « Tout a été fait pour épargner Bernard Arnault et les milliardaires français » étrille encore l’économiste qui avait eu maille à partir ces dernières semaines avec l’industriel français.

« Ce que ne paient pas les milliardaires, tous les autres le paient à leur place »

Et Gabriel Zucman de mettre en parallèle les autres mesures prévues dans le projet de loi de finances (PLF) 2026, dont l’année blanche sur les prestations sociales et les pensions de retraite, « mais aucune pour faire rentrer les milliardaires dans le champ de la solidarité nationale ». Même le maintien de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR), avec certes un taux divisé par deux, n’obtient pas gain de cause.

« La justice fiscale est pourtant la clé de la stabilisation budgétaire et de l’apaisement politique. Hélas, ce projet de loi de finances reste sourd à cet impératif, dans la droite ligne de ses prédécesseurs », conclut l’économiste. Un point de vue visiblement partagé à gauche. Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, qui doit encore se décider sur la censure ou non du gouvernement, a repartagé sur X les messages de Gabriel Zucman estimant lui que « ce que ne paient pas les milliardaires, tous les autres le paient à leur place ».

Le député LFI et par ailleurs président de la Commission des finances Éric Coquerel, s’alarme lui que « l’effort contributif des plus riches et des grandes entreprises [soit] 2 fois moindre dans le Projet de Loi Finance de 2026 que dans celui de 2025 ». Dans son viseur notamment la baisse drastique de la CVAE, un impôt local payé par les entreprises et la division par deux de la surtaxe des grandes entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 1 et 3 milliards d’euros.