C’était un retour très attendu : le musée d’Orsay expose à partir de mardi 14 octobre 2025 Le Désespéré, célèbre autoportrait du peintre français Gustave Courbet qui n’a pas été montré au public français depuis près de vingt ans, a appris l’AFP lundi 13 octobre auprès de l’établissement parisien.
Une œuvre très rarement exposée
Représentant un Courbet au regard halluciné, ce chef-d’œuvre de 1844/45 est prêté à Orsay – pour au moins cinq ans – par Qatar Museums, l’organisme de développement des musées de l’émirat, qui en a fait l’acquisition auprès d’un propriétaire privé à une date et pour un montant inconnus.
Mondialement connue mais très rarement exposée, cette huile sur toile de petit format (45×54 cm) n’a pas été montrée au public français depuis 2007-2008 lors de la rétrospective consacrée à ce maître du réalisme (1819-1877) à Paris, New York puis Montpellier (Sud).
Le « plus halluciné » des autoportraits de Courbet
Avant cette grande exposition internationale, ce tableau peint par Courbet alors qu’il n’avait que 25 ans n’avait pas été exposé depuis la fin des années 1970, précise à l’AFP le musée d’Orsay, qui compte dans ses collections une trentaine de toiles du peintre français, dont Un Enterrement à Ornans.
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« Le Désespéré est unique dans la production d’autoportraits de Courbet parce que c’est le plus halluciné, c’est le plus fort en matière d’expression des émotions et des sentiments », a expliqué à l’AFP Paul Perrin, conservateur en chef d’Orsay.
« Une démonstration de maîtrise picturale »
Alors jeune peintre venu de l’est de la France chercher le succès à Paris, Courbet s’y représente les traits défigurés par l’effroi, la peur ou la folie, se tenant la tête, les bras et le visage pris dans un clair-obscur bluffant. « C’est vraiment une démonstration de maîtrise picturale », commente M. Perrin.
Comme d’autres toiles de Courbet, Le Désespéré, également appelé Autoportrait de l’artiste ou Désespoir, n’a jamais fait partie des collections publiques françaises et il a très longtemps été entre les mains de propriétaires privés. Le père de la psychanalyse française, Jacques Lacan, a ainsi possédé L’Origine du monde, autre chef-d’œuvre de Courbet, qui a rejoint les collections du musée d’Orsay en 1995.
Un tableau destiné au musée de Doha
L’éparpillement de l’œuvre de l’artiste tient beaucoup à ses péripéties judiciaires et politiques : condamné en France pour sa participation au soulèvement de la Commune de Paris (1871), Courbet s’était exilé en Suisse pour échapper à la prison et avait dû vendre ses toiles pour payer la lourde pénalité infligée par la justice.
Au moment de la grande rétrospective de 2007-2008, Le Désespéré était la propriété de particuliers et BNP Paribas en a facilité le prêt, a précisé une source proche du dossier à l’AFP. Les Qataris en ont fait ensuite l’acquisition pour l’exposer dans leur futur Art Mill Museum de Doha, dont la construction doit être achevée à l’horizon 2030.