Cette cellule anticriminalité vise à endiguer le phénomène de corruption des acteurs politiques et de la justice par les narcotrafiquants sur le ressort de la juridiction marseillaise.

Face à la «volonté d’emprise» des narcotrafiquants aux «moyens illimités», le parquet de Marseille crée une cellule spéciale anticorruption destinée à «endiguer» un phénomène qui tente d’infiltrer la justice, les prisons, les douanes et menace aussi les élus.

«J’ai voulu créer au sein de la section économique et financière de mon parquet, pour le prendre sous l’angle de la corruption, une cellule anticriminalité organisée pour avoir une vision transversale et globale de la problématique de cette tentative de corruption liée au crime organisé», a expliqué mardi à l’AFP le procureur de Marseille, Nicolas Bessone.


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À ce stade, déjà une vingtaine d’enquêtes sont en cours dans la juridiction marseillaise, portant sur des tentatives de corruption ou de la corruption liées au narcotrafic, a ajouté le procureur, en marge d’une audience solennelle de rentrée du tribunal judiciaire de Marseille.

Risques d’ingérence du narcotrafic

Par exemple, une greffière du tribunal judiciaire de Marseille est soupçonnée, ce qu’elle conteste en partie, d’avoir consulté des fichiers et transmis des informations à un trafiquant qui était alors son compagnon. Elle a même été écrouée en avril, avant d’être finalement libérée et placée sous contrôle judiciaire à la rentrée le temps de l’enquête.

Les tentatives de corruption peuvent concerner des magistrats, greffiers, policiers, gendarmes, douaniers, surveillants pénitentiaires, directeurs d’établissement pénitentiaire, «tout le monde peut être impacté», insiste le procureur de la deuxième ville de France, épicentre du narcobanditisme en France. Même les élus, qui pourraient, dans le cadre des élections municipales à venir en mars, «subir les mêmes assauts», développe Nicolas Bessone.

D’où l’idée de cette cellule qui permettra de ne plus traiter ces questions par secteur professionnel mais «d’avoir une vision globale et de traiter de manière transversale» afin d’«endiguer le phénomène et le faire reculer», ajoute le procureur. Selon lui, il s’agit d’une première en France. Mi-septembre, le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, Christian Charpy, a interpellé dans un entretien au Monde  sur «les risques d’ingérence liée au narcotrafic» pour les municipales à venir, notamment via des tentatives de corruption en dons liquide ou en paiement en cryptomonnaies.