Dimanche 12 octobre la mosquée de Londres Est a organisé une course réservée aux «garçons de tous âges» et aux «filles de moins de douze ans». Un événement qui réveille les fractures communautaristes Outre-Manche.
À Londres, une course présentée comme «inclusive» laisse les femmes sur la ligne de départ et déclenche une vive polémique. Dimanche, dans le quartier de Tower Hamlets, la mosquée de Londres Est a organisé la douzième édition de la Course Caritative Musulmane (Muslim Charity Run). Un événement apparemment «ouvert à tous» selon le site internet de l’organisation, qui précise toutefois que la course était réservée aux «garçons de tous âges» et aux «filles de moins de douze ans». Des règles pour le moins paradoxales qui enflamment le Royaume-Uni.
Une course polémique
Situés en bordure du quartier branché de Hackney Bow, le Parc Victoria et ses 86 hectares furent longtemps le refuge de la classe ouvrière de l’est. Canaux, étangs, courts de tennis offrent leur agrément aux promeneurs, sportifs et festivaliers. Dimanche 12 octobre, il n’y avait donc rien d’inhabituel à ce que plusieurs centaines de coureurs investissent les lieux. Déjà en 2024, la Course Caritative Musulmane s’y était tenue, ses organisateurs revendiquant plus de mille participants, pour un montant récolté de quelque 180.000 euros. Pour la nouvelle édition, les organisateurs se targuaient du soutien de plusieurs organisations caritatives musulmanes. Parmi elles, l’association Islamic Relief, soupçonnée d’être proche des Frères musulmans.
« Un véritable effort communautaire et une source d’inspiration »
Lutfur Rahman, maire de Tower Hamlets
Présent lors de la remise des prix, le maire de Tower Hamlets, Lutfur Rahman, s’est félicité du succès de la course. « Plus de 1600 coureurs de tous âges et de tous niveaux ont participé. Lever des fonds pour quarante associations caritatives : un véritable effort communautaire et une source d’inspiration ! », a écrit l’élu sur Facebook.
Mais cette année, l’ambiance festive couvait un scandale. En cause, la décision implicite d’exclure femmes et adolescentes de la course. Une restriction confirmée sur le site officiel de l’événement, en cette discrète formule : «la course est «ouverte à tous : coureurs, marcheurs et enfants (filles de moins de 12 ans et garçons de tous âges), sans compter les familles, amis, spectateurs et volontaires». «Que vous preniez part aux 5km ou que vous encouragiez en bordure, vous êtes les bienvenus», précisait l’organisation. Des propos qui ont été retirés du site internet ce mardi 14 octobre.
La polémique n’a en effet cessé d’enfler depuis dimanche. Lundi soir, le vice-président du Green Party, Shahrar Ali s’est vivement inquiété sur X quant à la «prévalence des valeurs de la charia sur les lois et traditions britanniques».
Contactée par le Times , la mosquée s’est défendue de toute infraction à la loi. «Les compétitions sportives non mixtes sont autorisées par la section 195 et l’annexe 23 de cette loi, et sont courantes au Royaume-Uni, notamment la Women’s Run Series, la Nike Women’s 10K ou encore les séances de natation réservées aux femmes dans certains centres communautaires juifs orthodoxes, comme celui de Manchester», a précisé un porte-parole de la mosquée au quotidien.
«Horrifié comme tout le monde»
Interpellé, le gouvernement a réagi par le biais de Steve Reed, ministre chargé des communautés. «J’ai vu ces informations (…) et j’ai été horrifié comme tout le monde. Il est absolument inacceptable que les femmes se voient interdire de participer à une course de loisirs dans un espace public alors que les hommes sont autorisés à le faire», a-t-il exprimé sur la radio LBC. Il a également déclaré que la Commission pour l’égalité et les droits de l’homme (EHRC) déterminerait si des lois avaient été enfreintes.
De son côté, la mairie de Tower Hamlets, a décliné toute implication dans l’événement, rapporte le Guardian . Un porte-parole du conseil municipal de Tower Hamlets a déclaré : « Il s’agissait d’un événement indépendant organisé dans le parc Victoria, non organisé par le conseil municipal. » Il ajoute que «le conseil municipal a contacté la mosquée de Londres Est pour obtenir des éclaircissements».