L’économiste Gabriel Zucman, au centre du débat public pour son projet de taxation défendu par la gauche et honnie par la droite, démonte l’impôt Lecornu. « Dans le projet de loi de finances que je viens de consulter, tout a été fait pour épargner Bernard Arnault et les milliardaires français, critique-t-il sur son compte X. C’est donc aux autres catégories sociales qu’il est demandé de faire des efforts. »
L’économiste s’est par la suite moqué de la « créativité dont fait preuve le gouvernement pour défendre les privilèges fiscaux des ultrariches ». Gabriel Zucman pointe ainsi le paradoxe de ce projet de loi de finances, qui « prétend “faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt” des plus riches… tout en les préservant et en les démultipliant ».
Coquille vide
Si l’annonce d’une nouvelle taxe de 2 % sur le patrimoine des holdings peut apparaître comme étant une – légère – avancée, il n’en est rien selon l’économiste. « L’article prend soin d’exonérer quasiment toute la fortune des holdings », tance Gabriel Zucman. « Si une holding détient des actions LVMH, ceux-ci sont exonérés d’impôts, si elle possède des bureaux, ceux-ci sont exonérés d’impôts et la taxe ne s’applique pas aux investissements dans des fonds de capital investissement, aux placements dans des PME, pas plus qu’aux liquidités récemment acquises, à celles résultant de la vente de titres », énumère ce dernier.
Le professeur des universités à l’École normale supérieure (ENS) démontre ainsi que le gouvernement tente de présenter une coquille vide comme une avancée sociale. Si « quelques comptes bancaires dormants qui auraient été oubliés ici ou là et des voitures de course » seront concernés, cela représente « une infime fraction du patrimoine des holdings ». Pour résumer, « plus de 95 % de la fortune des milliardaires est exonérée du nouvel impôt Lecornu ».
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