De quoi inspirer la France ? Selon le Financial Times, le chancelier allemand Friedrich Merz envisage de lutter contre la pénurie de main-d’œuvre en mettant à contribution les retraités. Les Allemands pourraient ainsi choisir de travailler au-delà de l’âge de la retraite (67 ans) et toucher jusqu’à 2 000 euros nets d’impôt par mois.
Cette mesure devrait être adoptée au Bundestag, le Parlement allemand, ce mardi 14 octobre, avant une entrée en vigueur le 1er janvier 2026. Selon le projet de loi consulté par le Financial Times, elle devrait coûter 890 millions d’euros par an. Ce chiffre correspond au manque à gagner fiscal pour les 285 000 retraités qui travaillent déjà, et qui bénéficieront de cette mesure. Il pourrait être plus proche de 1,4 milliard d’euros, quelque 340 000 travailleurs pouvant bénéficier de cette incitation fiscale.
Cette mesure répond à un défi structurel : le marché du travail en Allemagne est confronté à un double problème. D’un côté, les baby-boomers (les personnes nées entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le milieu des années 1960) vont prendre progressivement leur retraite dans les années qui viennent. Ils seront 4,8 millions, soit 9 % de la population active, d’ici à 2035.
Rendre le travail attractif
De l’autre, de moins en moins de jeunes entrent sur le marché du travail, quand bien même l’Allemagne présente l’un des taux de chômage des jeunes les plus bas d’Europe (entre 6,3 et 6,5 %). « Cela entraîne une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans de nombreux secteurs », indique le projet de loi – d’autant que l’Allemagne a l’une des durées moyennes de travail la plus courte de l’OCDE.
Le travail après la retraite est bien entendu autorisé outre-Rhin, mais les dirigeants allemands souhaitent le rendre plus attractif, notamment grâce à des allègements fiscaux. Friedrich Merz pourrait ainsi prendre l’exemple de la Grèce, qui fait des « cadeaux » fiscaux à ses retraités.
Le pouvoir grec leur permet notamment de conserver l’intégralité de leur pension et de soumettre leurs revenus supplémentaires à un taux d’imposition réduit de 10 %. Conséquence : le nombre de retraités actifs est passé de 35 000 en 2023 à plus de 250 000 en septembre 2025.
Des effets positifs
L’incitation fiscale contribuera également à « conserver plus longtemps l’expérience et les connaissances dans les entreprises » et entraînera « une augmentation globale du taux d’emploi, favorisant ainsi la croissance économique et l’augmentation des recettes publiques », prédit le projet de loi.
À Découvrir
Le Kangourou du jour
Répondre
Employés et employeurs paieront des cotisations sociales sur les salaires, pour éviter à la mesure de trop peser sur les systèmes de retraite et de santé allemands. Le nombre de bénéficiaires des nouvelles mesures devrait augmenter avec le temps, estime Holger Schmieding, économiste en chef à la Berenberg Bank.
Il croit à des effets positifs sur la croissance et les cotisations sociales « qui compenseront largement les coûts d’ici deux à trois ans ». « C’est également le signe que la société apprécie la contribution des personnes âgées qui décident de rester actives et d’apporter leur contribution », a-t-il déclaré, ajoutant : « Cela aura un effet psychologique positif à long terme. »
Toute l’actualité à 1€ le premier mois
ou