Y a-t-il de quoi s’inquiéter ? Selon The Institute for the Study of War (ISW), un organisme de recherche politique axé sur la sécurité nationale des États-Unis, le Kremlin se préparerait à mobiliser des réservistes, de manière continue, pour potentiellement combattre en Ukraine.

Lundi 13 octobre, la commission des activités législatives du cabinet des ministres russe a approuvé un projet d’amendement du ministère russe de la Défense qui pourrait permettre d’utiliser des réservistes russes de la « réserve de mobilisation humaine » dans des déploiements hors de Russie, sans déclaration officielle de mobilisation ou d’état de guerre du Kremlin.

La Russie dispose de deux types de réserves. La « réserve de mobilisation humaine » est composée de citoyens qui signent un contrat avec la défense russe, sur la base du volontariat. Ils restent civils mais peuvent être mobilisés, en cas d’appel. La loi fédérale russe leur accorde une compensation financière. Selon les responsables russes, cette réserve active comptait 2 millions de membres en octobre 2025. La Russie possède également une réserve inactive (les « zapas ») avec des hommes dont l’âge peut atteindre jusqu’à 70 ans. Ils ne sont pas activement affiliés aux forces armées russes.

Un déploiement accéléré

Seul le premier type de réserve russe est concerné par ce nouveau règlement. Il va permettre de mobilier des réservistes plus rapidement qu’avec l’ancien mécanisme, qui aurait nécessité une déclaration de guerre officielle ou un ordre de mobilisation.

L’amendement, en créant une nouvelle catégorie de rassemblements militaires, pourrait également permettre de raccourcir, voire de supprimer, l’exigence d’exercices militaires avant déploiement des réservistes. Alexeï Zhuravlyo, le vice-président du Comité de défense de la Douma d’État russe (la chambre de l’Assemblée fédérale), a également annoncé que les réservistes russes peuvent obtenir des grades militaires sans avoir à effectuer d’exercices militaires préalables, qui sont normalement nécessaires pour confirmer leur éligibilité.

À LIRE AUSSI Thierry Burkhard : « Les guerres, il ne faut pas gérer leurs conséquences, il faut les empêcher » La mobilisation continue obligatoire des réservistes pourrait permettre à la Russie de générer des forces à moindre coût. La méthode actuelle du Kremlin est en effet confrontée à des difficultés financières. Le ministère russe de la Défense aurait recruté près de 90 000 personnes au cours des trois premiers mois de 2025 en dépensant plus que le budget total de recrutement fédéral pour l’année complète.

Présentés à tort comme des volontaires

Malgré cela, les bureaux de recrutement militaires russes ne parviennent pas à augmenter les taux de recrutements, malgré l’augmentation des paiements, qui avait permis d’augmenter ce taux en 2023 et en 2024. Il est cependant peu probable que le pouvoir russe mobilise la réserve inactive, les « zapas », compte tenu des potentiels impacts sur la stabilité du régime, l’économie russe et la capacité administrative de la bureaucratie militaire russe.

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L’appel obligatoire et progressif de ces réservistes pourrait cependant permettre au Kremlin de « démobiliser » les militaires mobilisés en 2022 afin d’apaiser une partie de la société russe. Il est probable, selon l’ISW, que le Kremlin présente (à tort) ces réservistes mobilisés comme des volontaires afin d’empêcher la société russe de s’opposer à leur déploiement. Cependant, il n’est pas garanti que le peuple russe croie à cette propagande.

Cependant, est-il encore estimé, cela ne présage probablement pas d’un appel à la force de la réserve à grande échelle, similaire à celui qui a conduit des centaines de milliers de Russes à s’engager dans l’armée en 2022. Aucun changement ne serait nécessaire pour une mobilisation massive. Cela ne signifie donc pas que Vladimir Poutine se prépare à accroître considérablement ou rapidement les effectifs de l’armée russe.

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