Ce mardi 14 octobre, La France insoumise (LFI) a désigné sa tête de liste pour les municipales à Strasbourg. Le choix s’est porté sur Florian Kobryn, conseiller départemental à la Collectivité européenne d’Alsace (CEA), qui sera accompagné par Halima Meneceur, co-animatrice et fondatrice du Groupe d’action de LFI à Hautepierre. Le but : construire « une Strasbourg fière et solidaire ».

Au FEC en cette soirée du mardi 14 octobre, on aurait pu croire à un concert. Il faut dire que l’assemblée municipale de LFI a su investir l’acoustique de la salle : une Marseillaise, suivie d’une Internationale et d’un « On est là », chant de révolte français, pour finir. Avec les éclats joyeux de voix et les applaudissements nourris, la Laiterie aurait sans doute eu du souci à se faire.


Sauf qu’on est bel et bien au FEC, pour une annonce tout ce qu’il y a de plus importante : le choix de la tête de liste LFI pour les élections municipales. Après un « important travail de rencontre auprès des associations de Strasbourg pour affiner notre projet politique et construire notre vision », selon Lisa Farault, co-cheffe de file insoumise, il est venu le temps de la révélation. Et « petite » surprise : ce n’est pas Emmanuel Fernandes qui portera la candidature, mais bien Florian Kobryn, conseiller départemental à la CEA.

la france insoumise strasbourg © Nicolas Kaspar / Pokaa

Qui est Florian Kobryn, « le candidat idéal pour être le futur maire de Strasbourg » ?

Pourquoi Florian Kobryn et pas Emmanuel Fernandes ? Il faudra attendre pour le savoir, puisqu’il n’y a pas eu de séance de questions avec les journalistes pour cette soirée d’annonce. Néanmoins, le député de la 2e circonscription de Strasbourg a déjà annoncé qu’il s’engagera en tant que soutien dans la campagne, et n’a pas tari d’éloges sur Florian Kobryn, « exemple chimiquement pur de ce qu’est l’insoumission, c’est-à-dire s’engager radicalement, ne pas transiger, ne pas avoir peur de son ombre ».

Il faut dire que Florian Kobryn a fait preuve d’insoumission, en quittant en avril le groupe d’opposition de gauche au sein de la CEA, dont il était président depuis quatre ans [ce qui a provoqué la disparition du groupe, ndlr], avant de rejoindre LFI en juin. Au-delà de cette décision, le premier élu de la France insoumise du département s’est particulièrement engagé pour la défense des droits des personnes vulnérables, notamment les enfants, mais aussi pour le service public.

florian kobryn halima meneceur lfi © Nicolas Kaspar / Pokaa

Dans sa prise de parole, entrecoupée toutes les 3-4 phrases par des salves d’applaudissements nourris, le candidat LFI aux municipales a mis en avant ses origines d’enfant d’immigrés polonais et son orientation sexuelle d’homme gay, découverte lors des débats autour du mariage pour tous. Ce qui le motive à porter un triangle rose, en hommage aux homosexuels et aux femmes trans victimes de la déportation.

Il a également listé quelques thématiques qui lui sont chères, comme « la mémoire de la résistance, les enfants à la rue, le droit des étudiants, la transphobie, la protection du vivant, la défense de Gaza et le droit européen à l’IVG ». Il a désormais la lourde tâche de porter le mouvement de LFI pour les municipales, qui a tendance à emporter toutes les élections nationales à Strasbourg.

florian kobryn lfi © Nicolas Kaspar / Pokaa

Halima Meneceur, une binôme engagée pour « l’émancipation de la jeunesse et des habitant(e)s des quartiers populaires »

Pour l’accompagner dans son entreprise, il aura comme binôme Halima Meneceur. La citoyenne de 43 ans est une « figure combative, généreuse et profondément engagée dans le milieu associatif et culturel dans beaucoup de quartiers strasbourgeois », selon Emmanuel Fernandes. Fondatrice du Groupe d’action LFI à Hautepierre, dont elle est co-animatrice, elle se distingue particulièrement par la lutte contre les discriminations et la promotion de l’égalité.

Dans son discours très offensif, Halima Meneceur compte « lutter politiquement pour réduire les inégalités », et prône le fait qu’« une mairie insoumise est une mairie engagée à l’international, notamment contre le génocide palestinien ». Surtout, elle met en avant la justice sociale, déclarant que « l’union ne se fera jamais au détriment des plus vulnérables », alors que « nous n’avons plus que l’entraide comme seule arme ». Avec un but : « Construire une Strasbourg fière et solidaire. »

halima meneceur lfi © Nicolas Kaspar / Pokaa

« On ne sera pas là pour faire de la figuration » : quels objectifs pour LFI à Strasbourg ?

S’il faudra attendre quelques jours supplémentaires pour découvrir le programme, sur lequel 50 personnes ont travaillé, Florian Kobryn a pu dévoiler quelques pistes, notamment sur le fait d’être fier « de [notre] histoire de ville libre […], de notre modèle social alsacien […], de nos luttes environnementales ». Ajoutant : « Strasbourg doit être un système de protection, un abri contre le chaos du monde, un modèle à bâtir. »

Il explique également « qu’il y a urgence à restaurer le lien démocratique, à généraliser le principe de gratuité des services publics, et à engager la bifurcation écologique du territoire ». Il souhaite « sortir Strasbourg de la logique gestionnaire, de l’impuissance politique et de la demi-mesure » et « incarner la devise européenne, unie dans la diversité ».

En 2026, une autre ville est possible.

Florian Korbyn, tête de liste LFI aux municipales

florian kobryn lfi © Nicolas Kaspar / Pokaa

Des objectifs qui motivent LFI à peser dans la campagne municipale strasbourgeoise. D’ailleurs, selon Emmanuel Fernandes, LFI « ne sera pas là pour faire de la figuration ». Comprendre : le mouvement compte bien s’imposer comme la force principale à gauche à Strasbourg, devant les Écologistes et leurs potentiels alliés. Pour cela, il devra réussir à lancer une dynamique autour de la figure de Florian Kobryn, bien connue des milieux associatifs, mais moins du grand public.

De cette réussite, ou non, dépendront sans doute les résultats de LFI au premier tour, et les stratégies qui s’ensuivront. En attendant le programme, des « on va gagner » très enthousiastes ont résonné longtemps dans l’enceinte du FEC, à tel point que certaines personnes ont eu besoin de se boucher les oreilles. Reste à transformer l’essai de cet enthousiasme en campagne des municipales.