Garder le cap de redressement des finances publiques. Tel était l’objectif du projet de loi de finances (PLF) et du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présentés ce mardi par Sébastien Lecornu. Ce « budget d’effort » – comme le qualifie Bercy – fait figure de ligne directrice mais doit être débattu et amendé par les députés et sénateurs dans les prochaines semaines. « La loi se fera ici, pas à Bercy », a d’ailleurs lancé le locataire de Matignon aux députés, lors de sa déclaration de politique générale. « Il y aura certainement des évolutions, mais on va tenter de convaincre que c’est l’horizon responsable de rétablissement des comptes publics », nuance Bercy.

Le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) estime que la feuille de route du nouveau gouvernement devrait permettre une économie d’une trentaine de milliards d’euros en réduisant les dépenses de 17 milliards et en augmentant les recettes à hauteur de 14 milliards. Un serrage de ceinture moins drastique que celui proposé par François Bayrou et ses 43,8 milliards d’économie. « Dans la copie proposée par le gouvernement, [le déficit] est réduit à 4,7 % du PIB contre 4,6 % suite au retrait de la suppression des deux jours fériés », a avancé Sébastien Lecornu dans l’Hémicycle. Quant au PLFSS, il promet de réduire le déficit de la Sécu à 17,5 milliards en 2026 contre 23 milliards d’euros en 2025.

Pas de taxe Zucman

Côté recettes, le gouvernement prévoit de prolonger d’un an la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR). Celle-ci fixe un taux minimal d’imposition de 20 % pour les ménages dont les revenus dépassent 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple. La contribution exceptionnelle sur les bénéfices des grandes entreprises est également prolongée d’un an, mais réduite de moitié. Elle concerne les 450 plus grandes entreprises qui réalisent au moins un milliard d’euros de chiffre d’affaires et devrait faire rentrer quatre milliards dans les caisses de l’État en 2026.

À défaut d’une taxe Zucman (impôt plancher de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros), la nouveauté est la création d’une taxe sur les holdings patrimoniales. Elle « vise à faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt », précise le PLF. Dans une série de tweets, l’économiste Gabriel Zucman qualifie ce dispositif de « panier percé de mille trous » du fait des « nombreuses » exonérations qu’elle fixe.

Gel des pensions de retraite

Mais l’essentiel de l’effort consiste à « freiner la dynamique des dépenses », éclaire Bercy. Cela passe notamment par une désindexation des prestations sociales sur l’inflation et par une baisse du nombre de fonctionnaires avec un objectif fixé de suppression de 3 000 emplois. Le Premier ministre a par ailleurs annoncé un gel des pensions de retraite pour 2026 et une sous-indexation des pensions de 0,4 point chaque année à compter de 2027. Les retraités seront également sollicités via l’impôt puisque l’abattement de 10 % sera remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros de sorte à « améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes » en mettant à contribution les autres. L’État prévoit en outre de « recentrer » les aides aux entreprises en diminuant les exonérations de cotisation sociale pour un gain projeté à 1,5 milliard d’euros en 2026.