Il est de ces figures emblématiques qui ont marqué leur époque et font connaître au-delà de nos frontières les reliefs et les couleurs chatoyantes de la belle et lumineuse Provence. Un des rares témoins du mouvement culturel provençal. Ancré à la table des Maîtres provençaux, aux côtés de ses référents et amis Eugène Baboulène, Henri Pertus, Robert Mendoze ou encore Félix Tisot.
Louis Arride, aujourd’hui âgé de 92 ans, avec la complicité de son admirateur le plus cher et artiste, son fils Daniel-Antoine, est invité par la ville de La Seyne à exposer une rétrospective de son œuvre, à la Maison Pouillon.
Attiré par le dessin dès son plus jeune âge, le Revestois Louis Arride découvre le vaste monde passionnant de la peinture aux Beaux-arts toulonnais. Alors qu’il fréquente les ateliers de Baboulène et Pertus, il acquiert la connaissance du mouvement des Maîtres provençaux, adopte leurs techniques qui, plus tard, l’amèneront à une vision plus personnalisée.
L’artiste s’émancipe de ses maîtres
Au fil des ans, dans son petit atelier-maison, lové sur la pente des Arrosants, petit à petit, l’artiste s’émancipe de ses maîtres, enchaîne des séries évolutives, jusqu’à trouver sa propre identité picturale. Travaillant son propre regard, en osmose avec cette nature luxuriante, affinant son style particulier, Louis Arride s’intègre certes au mouvement, tout en imposant sa propre perception du trait et de la couleur. Ce qui en fait aujourd’hui, au même titre que ses acolytes du moment, une référence à part entière dans le style.
Louis Arride, « ce père qui partageait ses repas familiaux dominicaux sous la tonnelle, avec Paul Cézanne, avec notre voisin Eugène Baboulène, Antoni Clavé, Henri Tisot et César, sculpteur du trophée qui porte son nom », se souvient Daniel-Antoine.
Qui alors enfant espiègle, jouait en toute innocence sous la table, à défaire les lacets de ces grands visionnaires. « Je me souviens aussi, Baboulène n’ayant pas le permis, de voir mon père et lui partir à bord de notre 404, à la chasse des meilleurs postes à Tamaris ou Saint-Elme, afin de croquer quelques vues inspirantes, qui donnaient par la suite vie à de nouvelles séries picturales. Ou encore lorsque mon père était invité à la table de Franck Fernandel, dans sa demeure des Mille Roses, avec Henri Salvador et la fille de Jean Gabin ».
Les souvenirs, les anecdotes refont surface et s’enchaînent, tant de souvenirs familiers qui lui paraissaient anodins à l’époque, qui aujourd’hui résonnent différemment, lorsque l’on sait que tous ces hommes ont écrit l’histoire culturelle du Var et de la Provence. Des récits captivants, recueillis dans un ouvrage, une trilogie familiale biographique, Couleur de terre, de sang et de miel, Louis Arride et Daniel-Antoine, de Philyan Dune et Nathalie Silfio, aux éditions des Presses du Midi.
Il portait toujours un regard insatisfait sur ses tableaux
Affaibli depuis plusieurs mois, depuis sa dernière exposition en 2024, Louis Arride n’envisageait plus d’exposer publiquement. Mais c’était sans compter sur l’admiration de son fils et l’intérêt porté par son public. Le peintre porte un regard toujours insatisfait sur ses travaux, toujours en quête d’amélioration sur la particularité de son œuvre. Dans l’espoir qu’un jour, l’on reconnaisse du premier coup d’œil une toile d’Arride, comme l’on reconnaît un Picasso.
Peintre et sculpteur, on lui doit aussi la fameuse statue de bronze à l’effigie de Raimu (1996), rue Racine près de l’opéra de Toulon, ou encore son autoportrait de bronze, exposé ce mois-ci à la Maison Pouillon, au cœur d’une superbe rétrospective. Hommage à Louis Arride, porté par son fils Daniel-Antoine.
>Pratique Jusqu’au 15 novembre, à la Maison Pouillon (Sablettes). Du mardi au samedi, de 9 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30.