
Le Salon du livre fête ses 25 ans et Christian Robert, fondateur et gérant d’Au Vent des îles et président de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles, assure que le livre a pris « plus de place dans ce pays ». Mais le plus dur reste peut-être à venir avec le numérique et l’intelligence artificielle. Ce sera d’ailleurs l’un des sujets abordés sur le salon qui commence ce jeudi.
Le Salon du livre commence jeudi pour quatre jours d’animations, d’ateliers, de rencontres, de présentation de nouveautés littéraires et bien sûr d’autographes avec les invités du salon. À l’avant-veille de l’événement, Christian Robert, fondateur et gérant d’Au Vent des îles et président de l’Association des éditeurs de Tahiti et des îles, est revenu sur le lancement de la manifestation : réunir tous ceux qui travaillaient sur le livre pour promouvoir leur activité. Il se souvient que la première édition n’avait qu’un seul invité : Alan Duff, l’auteur néo-zélandais, de L’Âme des guerriers, succès littéraire publié chez Actes Sud, qui a également été porté à l’écran sous le même nom. Vingt-cinq ans plus tard, « le succès du Salon du livre est grandissant, un salon numérique créé en 2020 et reproduit depuis chaque année permet de toucher les îles ». Christian Robert liste tout ce qui a changé : « Il y a beaucoup plus de monde qu’à la première édition, le livre a pris plus de place dans le quotidien des gens de ce pays, des gens d’ici ont pris la plume, ont été publiés ; cet événement est devenu un rendez-vous majeur du calendrier culturel polynésien. Et on est toujours aussi heureux de la faire et d’avoir nos invités. »
https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/10/SALON-LIVRE-christian-25-apres.wav
Et demain ? Que va-t-il se passer avec ces bouleversements numériques ? L’écran est entré dans nos vies quotidiennes depuis de nombreuses années mais c’est aussi l’intelligence artificielle qui vient bouleverser le livre et la lecture. « L’envie première est de maintenir le livre à sa place, ne pas se faire déborder par les réseaux sociaux et faire en sorte que les gens lisent. On ne peut pas se satisfaire de passer ses journées sur les réseaux sociaux à gober des choses préparées pour nous, on a besoin de liberté, de se forger une opinion, besoin d’avoir une information fiable. Le livre est un rempart contre l’enfermement algorithmique. »
Et d’ailleurs c’est pour réfléchir à ces sujets que Virginie Clayssen, consultante, spécialisée dans l’édition, le patrimoine et la création numérique, a été invitée. Elle animera deux « causeries » et une conférence sur l’IA et les bibliothèques de demain.
Une trentaine de nouveautés littéraires et des invités
Sur ce salon, on vient débattre, réfléchir à la lecture et sa place dans l’économie du Pays, dans la culture polynésienne, mais aussi découvrir les nouveautés. Parmi une trentaine d’ouvrages, celui de Marin Ledun, Terre Rouge, édité au Vent des îles. C’est la troisième fois qu’il vient participer à l’événement : « Un honneur », dit-il. Son dernier roman raconte une histoire qui se passe aux Marquises, archipel pour lequel il a eu un coup de foudre : « La première fois que j’ai été invité au Salon du livre, on s’est rendu à Nuku Hiva et à Ua Pou et ça a été une espèce de choc amoureux. En fait j’ai deux mots pour expliquer cette émotion : l’étendue de mon ignorance de voir tout ce qui existait et dont je n’avais jamais entendu parler, c’est juste une honte puisqu’on est quand même sur un territoire français, et d’autre part, l’étendue de mon ignorance sur ma culture. Je suis d’origine ardéchoise et je ne peux pas répondre comme un Marquisien ou un Tahitien, sur d’où je viens, sur ce que je fais, comme eux sont capables de le faire. »
https://www.radio1.pf/cms/wp-content/uploads/2025/10/SALON-LIVRE-Marin-Ledun.wav
Un choc amoureux qui se traduit aujourd’hui par l’apprentissage de la langue marquisienne, par son intérêt pour la culture et l’histoire de l’archipel, par des patutiki sur ses bras et enfin par la sortie de ce roman. Il lui a fallu plusieurs années pour se sentir légitime à écrire un roman s’inspirant des Marquises. « Je ne suis pas Océanien, pas d’ici, pas résident et je sais combien la question de l’appropriation culturelle est importante », explique-t-il. Marin Ledun fait partie des nombreux invités de ce salon où beaucoup de rencontres et de présentations sont donc prévues tout le long de ces quatre jours.
Le Salon du livre, c’est à partir de jeudi, sur l’esplanade basse de Toata. Tout le programme sur lirenpolynesie.pf.
