Par
Laura Bourven
Publié le
15 oct. 2025 à 8h46
C’est un projet « qu’on aurait dû faire il y a bien longtemps ». C’est avec satisfaction et un certain soulagement que Jean-François Parigi, président du Conseil départemental de Seine-et-Marne, a pris la parole, mardi 7 octobre 2025, sur la base vie d’un tout nouveau chantier sur le point de se lancer. À hauteur de Claye-Souilly, le long de la RN3, il est venu présenter, avec tous ses partenaires, et lancer officiellement le chantier de la liaison routière de l’Est-Francilien, aussi appelée la route Meaux-Roissy. Une première pierre enfin posée après des dizaines d’années de discussions et de tractations pour créer cette toute nouvelle infrastructure.
Une baisse du trafic et un gain de temps
Avec le développement toujours plus croissant de la plateforme aéroportuaire de Roissy-Charles de Gaulle, la Seine-et-Marne a vu le nombre de véhicules sur ses routes augmenter. En effet, l’aéroport est « la première frontière française avec le monde » et l’activité économique y est naturellement forte.
Un point positif pour l’emploi dans le nord du département mais qui a des conséquences néfastes sur les routes, et plus particulièrement la RD212. Chaque jour, cette voie est empruntée par 22 000 véhicules. Ce sera 28 000 véhicules par jour si rien n’est fait d’ici 2040.
Alors, le Département a décidé ses dernières années de mettre un coup d’accélérateur à son projet de nouvelle route. Cette liaison routière de l’Est Francilien a pour objectif de relier le secteur de Claye-Souilly et le bassin de vie meldois à l’aéroport, et surtout à la première partie de la liaison routière (RD212) créée entre 2016 et 2021 au niveau de Mitry-Mory, permettant de rejoindre le contournement est de Roissy porté par l’état et ouvert à la circulation à l’automne 2023.
À terme, ce projet doit permettre une baisse de 40 % du trafic sur la RD212 pour abaisser le nombre de véhicule sur cette route départementale à 17 000 par jour. Ce sera aussi un gain de temps pour les habitants et travailleurs qui souhaiteront rejoindre la plateforme aéroportuaire et ses alentours : 15 minutes en moins passées dans la voiture.
Cinq ans de chantier
Les travaux de cette nouvelle route, une double chaussée de 6 kilomètres, commenceront au mois de novembre prochain avec le terrassement. Le chantier se déroulera ensuite par phase, cinq au total, d’une durée d’environ deux ans chacune.
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Elles pourront se chevaucher pour arriver en 2030 avec une toute nouvelle voie pour les automobilistes. Entre 2027 et 2027, les ouvriers se concentreront sur le secteur de Claye-Souilly, puis de Messy entre 2026 et 2029 et de Compans–Gressy entre 2027 et 2029.
Le chantier se déroulera en 5 phases. ©Laura Bourven
Entre 2027 et 2028, le territoire verra aussi l’impressionnante construction d’un viaduc de 440 mètres sur le secteur de Saint-Mesmes. L’objectif de cet ouvrage : ne pas détruire les milieux naturels comme La Vallée de La Beuvronne et le Grand Marais.
Le chantier a aussi une dimension environnementale importante, ce viaduc permet de favoriser la biodiversité, il y aura également 12 hectares de nouvelles plantations le long de la route.
Directeur des routes de Seine-et-Marne, Jean-Sébastien Soudre
Des passages souterrains permettront la circulation de la petite faune, tandis que la protection des oiseaux et des chauves-souris sera assurée. Le traitement des eaux de ruissellement sera assuré par des noues végétalisées, fossés peu profonds et larges permettant de filtrer naturellement les polluants avant rejet dans le milieu naturel.
Ce ne sera pas le seul ouvrage d’art construit puisqu’il y en aura au total 9 sur les six kilomètres de la route, aussi pour passer au-dessus des voies ferroviaires.
Enfin, la Département, sur demande explicite du président de Roissy-Pays de France, Pascal Doll, a prévu un espace pour les transports en commun sur cette nouvelle route. Il n’y aura pas de voie dédiée aux bus, mais, en cas de forte affluence, la voie auxiliaire sera réservée aux transports.
La concrétisation d’un vieux projet
La pose symbolique de la première pierre de la route « Roissy-Meaux » mardi 7 octobre 2025 est la première étape d’un projet dans les tuyaux depuis près de 50 ans. Il avait d’ailleurs été inscrit au SDRIF (schéma directeur de la Région Île-de-France) en 1976.
« Nous travaillons sur ce dossier depuis des années. Ça nous a pris des années de réflexion. En arrivant au Département, nous avions un choix cornélien : réaliser cette route ou la déviation de Trilport. Il nous a semblé urgent que cette voie se fasse car ça bougeait de plus en plus sur la plateforme aéroportuaire. Cet investissement va vraiment améliorer notre quotidien.
Jean-François Parigi, président du Département de Seine-et-Marne
Pour ce chantier colossal, d’un coût de 130 millions d’euros hors taxes, plusieurs acteurs se sont ainsi mobilisés : le Département bien évidemment qui met 61 millions d’euros sur la table, le groupe Aéroport de Paris (ADP) qui contribue à hauteur d’1,9 million d’euros, l’agglomération Roissy-Pays de France finance 2 millions d’euros, et enfin la Région Île-de-France, le plus gros partenaire avec 65 millions d’euros investis dans cette nouvelle infrastructure, se substituant à l’État qui a refusé de subventionner la liaison routière de l’Est Francilien.
« C’était un coup dur, mais pas de la faute du préfet, vous êtes un allié depuis le début, poursuit le président du Département en s’adressant directement à Pierre Ory, préfet de Seine-et-Marne, présent au lancement de ce chantier. Le contrat État-Région a été écarté. Et là, sans hésitation, Valérie Pécresse m’a dit »Je viendrais à la place de l’État ». »
Le préfet justifie ce refus par la simple raison que « l’État ne va pas au financement de la voirie départementale ».
De son côté, la présidente de la Région est en effet convaincue du rôle de l’Île-de-France dans la construction de nouvelles infrastructures routières. « La Chambre Régionale des Comptes dit que les routes ne sont pas une compétence de la Région. Je le conteste. Premièrement car, ces routes que la Région aide participent au plan anti-bouchons que nous portons. Et ensuite car on peut y faire rouler des transports en commun. Une route comme celle-ci pourra accueillir une ligne de covoiturage comme on en teste actuellement », commente Valérie Pécresse.
Les travaux sont donc enfin lancés, et cette nouvelle voie très attendue devrait être mise en service en 2030.
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