Depuis 1998, Saint-Étienne s’est imposée comme la capitale du design en France, grâce à sa fameuse Biennale internationale, mais aussi à sa Cité du design, laquelle comprend l’École supérieure d’art et design de Saint-Étienne (Esadse). Mais qu’y a-t-il à l’origine de cette histoire ?
Pour répondre à cette question, le musée d’Art et d’Industrie de Saint-Étienne nous propose de revenir sur l’origine de ses collections, mais aussi de raconter « une ville profondément industrielle, où les ouvriers représentent plus des trois quarts de la population à l’aube du XXe siècle, où des mouvements sociaux de grande ampleur posent les fondements des valeurs communes d’aujourd’hui, où des institutions tels le musée et l’école d’art vont servir de champs d’expérimentation », comme l’explique Marie-Caroline Janand, directrice du pôle muséal de la Ville.
Un parcours de 300 objets
Son parcours, riche d’un peu plus de 300 objets, retrace à la fois les trois grandes industries de la ville – rubans, armes et cycles – et interroge la notion de ce qui apparaît « beau » au fil des époques, à travers différentes peintures, sculptures, porcelaines, émaux et bijoux. Ensemble, les œuvres laissent deviner différentes origines au design d’aujourd’hui, entre recherche d’élégance, efficacité et compétitivité.
Atelier des Embriachi, Italie du Nord, Coffret de mariage, 1375–1450
i
Musée d’Art et d’Industrie • Ville de Saint-Étienne
Premier objet à arrêter notre regard, un magnifique coffret de mariage venu de l’Italie du Nord, signé de l’atelier des Embriachi et daté entre 1375 et 1450 : extrêmement fin, orné d’une marqueterie de motifs géométriques en incrustation d’ébène, étain, peuplier, poirier et corne, celui-ci témoigne du « beau » comme d’une affaire privée, qui s’incarne dans des trésors familiaux, façonnés dans les plus prestigieux ateliers d’Europe.
À lire aussi :
Les savoir-faire stéphanois brillent dans le nouveau parcours du musée d’Art et d’Industrie
Du beau appliqué aux objets communs
Jo ROUX (Joseph Philippe ROUX, dit) (1897–1952) pour CASINO GUICHARDPERRACHON ET CIE, Saint-Étienne, Affiche pour le « Lait naturel Jojo », 15 juillet 1935
i
Coll. privée • Ville de Saint-Étienne
Le beau évolue ensuite nettement avec l’affiche pour le « lait naturel Jojo » signée par Jo Roux en 1935, dont l’esthétique publicitaire est marquée par une grande lisibilité, une simplicité dans les choix de couleurs et des motifs, et la concision du message – qui se résume à l’alliance du produit et du prix. Efficace, l’affiche fait pourtant aussi la promotion d’un voyage sensoriel dans les Alpes, où se meuvent les deux vaches de l’étiquette, et d’une santé garantie par le bleu glacé de l’horizon…
Enfin, on s’attarde sur une charmante et singulière Étude de la plante dessinée par Maurice Pillard Verneuil en 1903 : illustrateur et critique d’art, l’auteur de nombreux ouvrages pédagogiques sur l’Art nouveau soigne ici une planche qui n’est pas destinée aux chercheurs des muséums d’histoire naturelle mais à l’« application aux industries d’art ». Celle-ci fait partie d’un recueil riche de 400 dessins au pochoir, chacun proposant des compositions florales adaptées à la forme et la matière d’objets d’art… Édifiant !
À lire aussi :
Comment Saint-Étienne a démocratisé le beau en réconciliant art et industrie
Arrow
L’ambition du beau
Du 13 mars 2025 au 9 novembre 2025
Musée d’Art et d’Industrie – Saint-Étienne • 2 Place Louis Comte • 42000 Saint-Étienne
www.musee-art-industrie.saint-etienne.fr