L’entité Loire du Réseau Entreprendre a souhaité fêter ses 25 ans en insistant sur la reprise d’entreprises. Une journée dédiée à celle-ci jeudi dernier, en trois temps. D’abord à l’ISTP entre sensibilisation d’étudiants puis accompagnement de six repreneurs. Avant de conclure, en soirée, à l’Arena, avec la venue et l’intervention de Jean-Pierre Nadir, médiatique entrepreneur, fondateur – entre autres – d’Easyvoyage.com .
Jeudi 9 octobre, des membres du Réseau Entreprendre Loire entourant Jean-Pierre Nadir, au centre. ©If Saint-Etienne / XA
Les chiffres départementaux manquent. Alors pour ce qui est de la Loire, il semble que seuls ceux de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) puissent faire foi quant à illustrer localement la problématique. Ils datent de 2023 quand 19 % des chefs d’entreprise artisanale ligériens avaient plus de 55 ans et que 3 700 entreprises artisanales étaient à transmettre dans les 5 ans à venir. Particulièrement en alerte sur la question, la CMA 42 a lancé depuis des années des programmes d’accompagnement spécifiques. Elle s’est donc, sans doute naturellement, joint aux initiatives nouvelles du Réseau Entreprendre Loire en la matière.
Réseau national mais au fonctionnement de chefs d’entreprise créé en 1986 par André Mulliez, Réseau Entreprendre propose un accompagnement de proximité – déclenchant pour un projet sélectionné du conseil, un suivi, des aides morales et financières – de créateurs d’emplois aux projets désignés lauréats. Dans la Loire, des centaines d’entreprises en ont bénéficié en 25 ans d’implantation à l’image de Siléane ou, plus récemment, d’Hexadrone, de la Cie des Déboucheurs, sinon de la Fabrique à poudre pour évoquer des réussites locales spectaculaires. Des centaines de membres participent bénévolement plus ou moins intensément à cette vaste entreprise de coaching entrepreneurial qu’il s’agisse de créateurs ou de repreneurs. Leurs parcours sont d’ailleurs déjà distincts selon ce statut. Autant de plâtres essuyés dont résultent un savoir-faire et cette capacité à partager donc appréhender les questions que se posent les repreneurs, voire les transmetteurs.
500 000 entreprises françaises à reprendre d’ici 2035
Et elles sont loin de se cantonner au pur aspect de la suite à donner au « business » en soi. « Nous nous demandions comment fêter nos 25 ans. Or, le climat n’est pas vraiment propice à de grandes festivités, raconte sa directrice, Céline Henrion Ribeyron. Dédier cet anniversaire à cette thématique prégnante nous a semblé plus pertinent. » D’autant que depuis 18 mois, souligne son président Bruno Deville, Réseau Entreprendre Loire a lancé un club spécifique sur le sujet qui associe la CMA donc mais aussi la CCI, la BPI, la Banque de France Loire, France Travail et la préfecture. Mais ni le Medef, ni la CPME Loire, sollicités, n’ont pour l’instant donné suite à l’idée d’intégrer ce club, nous précise Bruno Deville.
Partenaires ou potentiels partenaires, pas plus que l’Insee ou tout autre observatoire sondé par le réseau, n’ont de chiffres globaux départementaux à disposition sur la problématique de la transmission autres que ceux nationaux. Ils ont quelque chose d’alarmant : un quart de chefs d’entreprise ont plus de 60 ans en France, 500 000 entreprises seraient à reprendre dans les 10 ans qui viennent selon les données gouvernementales… Il faudra bien des personnalités motivées pour les remplacer. D’autant plus vrai dans un département comme la Loire dont le tissu très dense de PME / TPE, en particulier industrielles, est à la fois la force et la faiblesse. C’est dans cet objectif de susciter, entretenir, confirmer et accompagner des motivés à se lancer que Réseau Entreprendre Loire avait organisé trois temps forts la semaine passée dans l’écrin tout trouvé des nouveaux locaux de l’ISTP.
Graine de reprise et Loire Booster Camp
L’école d’ingénieurs compte en effet un taux impressionnant d’entrepreneurs créateurs repreneurs parmi ses milliers d’alumnis, « trois fois plus élevé » qu’au sein des ex-étudiants de formations équivalentes : 10 %, 10 ans après le diplôme, 17 %, 20 ans après. Mais les apprentis ingénieurs actuels de l’ISTP n’ont pas pour autant composé la majeure partie de la cinquantaine d’étudiants venus à « Graine de reprise » jeudi dernier, premier des temps forts déployé par le Réseau Entreprendre Loire. « Ils étaient trois de l’ISTP, mais il y avait de tout pour le reste avec une grosse représentation de l’université Jean-Monnet, l’IUT en particulier. » Une sensibilisation à la racine donc par des membres du réseau.
Second temps fort l’après-midi le « Loire Booster Camp » : six* entrepreneurs / repreneurs organiques, sinon externes, venus poser sur la table et confronter à plusieurs dirigeants leurs projets, les doutes et questionnements allant avec, y compris sur le fait pour certains de changer de statut, de responsabilités. Comment, par exemple, gérer le relationnel pour ceux déjà dans la maison passant ainsi de collègue à patron ? Un « numéro 2 » peut-il automatiquement devenir « numéro 1 » ? Que faut-il pour cela ? Un total de 80 chefs d’entreprises était mobilisé pour les aider à franchir le pas à la lumière de leur expérience respective. Si l’ampleur du besoin autour de la reprise n’est pas connue à l’échelle départementale, Réseau Entreprendre Loire note que 98 % des candidatures à ses parcours d’accompagnement habituels concerne cette année la reprise de l’existant.
« Message d’espoir »
Les obstacles, les échecs font partie de la prise de risque et ça n’a rien d’infamant. « Quand tu veux, tu peux » : je n’aime pas cette phrase.
Jean-Pierre Nadir
Signe d’une crainte montante de partir de zéro ? Le taux varie d’une année à l’autre mais il n’avait jamais dépassé les 70 % auparavant, remarque en tout cas Bruno Deville. Troisième temps, enfin, des 25 ans du réseau qu’il préside : une soirée à l’Arena à Saint-Chamond avec devant 500 invités un show de motivation signé Jean-Pierre Nadir, entrepreneur médiatique et fondateur – entre autres – d’Easyvoyage.com :
« Ce type de Master classe permet de transmettre de l’énergie positive, synthétisait celui-ci devant la presse locale quelques heures plus tôt. On a du mal à partager les doutes, le labeur et le chef d’entreprise se retrouve souvent bien seuls face à ça. Aussi, c’est un message d’espoir que d’échanger là-dessus, les difficultés, à partir d’expériences réelles. Les obstacles, les échecs font partie de la prise de risque et ça n’a rien d’infamant. « Quand tu veux, tu peux » : je n’aime pas cette phrase. On peut en vouloir et ne pas pouvoir pour plein de raisons, certes qu’il faut essayer de surmonter. Mais la réalité est là. L’esprit start-up a tendance à gommer cette réalité mais non, il ne suffit pas d’avoir une excellente idée ! En revanche, je le dis quitte à ce que ça provoque, la France est, en l’état actuel, le meilleur pays au monde pour se lancer. Il y a des dispositifs de financements, à commencer par France Travail, et des réseaux d’entraide de partout ! »
Le Réseau Entreprendre Loire par exemple qui, sans le garantir, espère bien, à terme, rendre annuelle cette « Journée dédiée à la reprise ».
*5 projets qui ont été présentés lors du premier Loire Booster Camp : Axiadis, Benary Solutions, Pototam, Sfi et Shine. Le 6° projet ne souhaite pas être cité par souci de « confidentialité ».