« Il y a des touches mais il n’y a pas encore de bail signé. » Charles Robert est le directeur du projet Wood chez Vinci Immobilier. Wood est un nouveau bâtiment de bureaux, situé à l’entrée de la presqu’île de Grenoble. Construit par Vinci Immobilier entre mai 2023 et décembre 2024, il a été acheté par Groupama Gan Reim pour le compte de la SCPI Affinités Pierre. Le nouveau propriétaire, qui a investi 25 millions d’euros dans l’acquisition, souhaite désormais trouver des locataires pour l’occuper.

Le bâtiment de bureaux Wood à Grenoble est en quête de locataires

Singulier, par la place accordée au bois, et innovant dans sa conception qui vise à réduire au maximum sa consommation énergétique et carbone, Wood est un immeuble en R+6 de plus de 6 000 m² qui a notamment remporté la Pyramide de vermeil de la Fédération des promoteurs immobiliers, une récompense nationale prestigieuse au sein de la profession.

Les six étages sont constitués de plateaux de bureaux. « Le plus petit plateau fait 92 m² et le plus grand 1 500 m², indique Charles Robert précisant que le bâtiment serait parfaitement adapté pour accueillir une seule entreprise.Le bâtiment est totémique, il peut incarner un siège régional d’une entreprise qui viendrait apposer son logo et prendrait l’ensemble. Le hall est adapté pour y positionner une borne d’accueil et un contrôle d’accès comme s’il y avait un seul utilisateur. Mais on peut aussi capter la demande d’une petite entreprise qui sortirait du CEA et chercherait des locaux pour 10 ou 20 collaborateurs, par exemple. »

Immobilier d’entreprise : un stock de bâtiments tertiaires trop important à Grenoble ?

Alors comment expliquer que quatre mois après sa livraison, aucun locataire ne se soit encore engagé ? Hugues de Villard, président de la Fnaim Entreprises de l’Isère et PDG de CBRE Axite Grenoble en charge de la commercialisation, apporte des éléments de réponse.

« Dans la Métropole de Grenoble on a un stock qui est beaucoup trop important. En 2024, il y a eu 37 000 m² de commercialisés dont 11 000 m2 de neufs. Et le stock s’élève à 170 000 m² dont 35 000 m² de neufs! »

Wood n’est pas le seul immeuble à pâtir de cette très forte concurrence. « Autre exemple, un immeuble construit par 6e Sens Immobilier, livré en décembre dernier, du côté de Bouchayer-Viallet, est également vide. »

  © Thomas Richardson – Le hall d’entrée du Wood, bâtiment conçu par le cabinet ECDM architectes pour Vinci Immobilier.

« Nous sommes confrontés à deux difficultés, résume Hugues de Villard, l’état de l’offre et la conjoncture économique qui provoque un certain attentisme général. C’est plus compliqué de faire signer les clients en ce moment. »

Concurrence, prix des loyers et conjoncture peu favorable…

Wood est en concurrence directe avec son voisin le Spring, qui héberge notamment une partie des équipes de BD. S’il est moins vertueux dans sa conception et sa consommation énergétique, mais il bénéficie d’un meilleur emplacement géographique au sein de la presqu’île scientifique, mieux desservi par les transports en commun, en particulier le tram, et situé à proximité de deux parkings publics.

Le Wood ne propose que 53 places de stationnement voitures contre 125 places de vélo (et 16 places de deux-roues motorisées). Cela équivaut à environ une place de parking pour 100 m², soit approximativement une place pour huit salariés.

Le loyer demandé pour Wood – 205 euros HT le m2 par an – est le plus cher de Grenoble (le loyer de Spring est de 195 euros, par exemple). « Il les vaut, tempère Hugues de Villard. Comme les loyers sont faibles à Grenoble, dès que vous améliorez la prestation, tout de suite le loyer augmente très rapidement. »

Hugues de Villard ajoute que même si le loyer était inférieur, « par exemple 160 euros, ce qui est le prix de la seconde main à Europole », Wood ne trouverait pas plus facilement de locataires. « La difficulté dans notre métier, c’est de trouver l’utilisateur qui, en ce moment, a besoin de déménager. Or, on a peu de clients. Le télétravail a fait que les gens ont trop de surfaces et ont même tendance à en restituer à leurs propriétaires. On a un marché qui est mou ; Il faut avoir un peu de temps devant soi. »