Publié le
15 oct. 2025 à 12h06
Le président de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine, Loïc Guines, l’a rappelé lors de son point presse de rentrée : « Il faut apprécier le moment où ça va bien ». Et, pour une fois, les voyants ne sont pas tous au rouge.
Le département enregistre un regain d’installations, avec près de 500 nouveaux projets annoncés sur 2025 à l’échelle de la Bretagne, dans la tendance des 480 installations de 2024. La dynamique est particulièrement visible en production laitière, même si la bio recule, passant de 40 à 30 % en Bretagne.
« Les campagnes d’information sur l’anticipation du départ à la retraite portent leurs fruits. De nouvelles combinaisons en polyculture-élevage émergent », souligne Loïc Guines.
Un renouvellement encore insuffisant
Si la courbe repart, elle ne suffit pas à compenser les 1 500 à 2 000 départs attendus en 2025.
« Pour remplacer 90 % des agriculteurs qui partent, il nous faudrait le double d’installations », avertit le président.
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La tendance se confirme : moins d’élevages, mais une production laitière en hausse (+3,5 % en 2024), et un rebond des abattages porcins, soutenu par de meilleurs cours en première partie d’année – même si la baisse actuelle des prix inquiète à nouveau la filière.
Des signaux contrastés selon les productions
Côté volaille, les tensions persistent : rémunération insuffisante, concurrence étrangère (Pologne, Ukraine), et difficultés à construire de nouveaux bâtiments.
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Le lait, lui, reste stable autour de 468 €/1 000 L sur l’année, après une moyenne de 500 € sur les douze derniers mois.
Le bio, enfin, semble freiner sa descente : « La spirale à la baisse s’arrête. On observe moins de déclassements, et on va devoir retrouver des producteurs en œufs et en légumes », se réjouit Loïc Guines.
Climat : « On a tapé dans les stocks trois semaines plus tôt »
Les conditions climatiques restent une préoccupation majeure.
« On a eu des inondations, de la sécheresse, puis de l’eau en septembre. Et un automne trop sec pour refaire les plaies. »
Cette instabilité climatique pousse les exploitations à s’adapter : « Stocker le fourrage, stocker l’eau, préserver des zones humides… Il faut une réflexion globale. »
La chambre pousse à intégrer ces enjeux dès l’installation, avec un accompagnement renforcé grâce à la hausse de la DJA (Dotation Jeune Agriculteur).
Adapter le modèle breton
Le modèle breton évolue vers moins de cultures intensives, plus d’engagements dans les MAE (Mesures agro-environnementales), mais le financement ne suit pas toujours. Loïc Guines appelle à rééquilibrer culture et élevage, et à renforcer la polyculture-élevage, un modèle plus autonome : « Cela permet d’acheter moins d’engrais à l’étranger et de retrouver du sens collectif. »
Des inquiétudes bien réelles
Outre la conjoncture, plusieurs nuages s’amoncellent.
la FCO (fièvre catarrhale ovine), qui a rappelé l’importance de la vaccination – « même les vétérinaires ont été réticents au départ », note Loïc Guines. La DNC (dermatose nodulaire contagieuse), sujet sensible.
Et la réforme de la PAC, qui suscite beaucoup d’interrogations. « Il ne faut pas sacrifier l’alimentaire. L’autonomie doit être garantie », martèle le président, plaidant pour « une PAC qui aide à s’adapter aux transitions, avec des tiroirs mieux identifiés ».
« Les agriculteurs ont le moral »
Malgré tout, le président le souligne : « Les agriculteurs ont le moral, il y a des investissements et des volumes importants. » L’enjeu, désormais, est de former, anticiper et s’adapter à un environnement toujours plus instable – qu’il soit économique, politique ou climatique.
SAGE Vilaine : un dialogue sous tension
Le président de la chambre d’agriculture d’Ille-et-Vilaine ne cache pas sa déception sur le SAGE Vilaine (Schéma d’Aménagement et de Gestion des Eaux).Selon lui, les discussions ont mal démarré dès le départ : « On s’est retrouvés face à des élus rennais très idéologiques, peu conscients des réalités agricoles ».Sur les 72 membres du comité, seuls cinq sont agriculteurs, une sous-représentation qui complique le dialogue.
Le sujet du maïs, trop vite caricaturé, a focalisé les débats. « Il faut au moins dix ans pour faire évoluer des assolements. La profession est prête à avancer, à condition qu’on l’accompagne », insiste Loïc Guines, qui salue le travail du syndicalisme.Et de prévenir : « Les municipales approchent, ce n’est pas le moment de figer des positions dogmatiques ».
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