Ce mardi 14 octobre, la délégation stéphanoise de la CCI et la Ville de Saint-Etienne signaient la convention d’objectifs 2025-2027 pour le développement et l’attractivité commerciale du territoire. Plusieurs objectifs et pistes de travail y sont définis, à un moment où le commerce subit des mutations de plein fouet…
Le débat s’est, parmi d’autres, invité au conseil municipal de Saint-Etienne lundi. Alors qu’une délibération portait sur le vote d’une subvention de 15 900 à la société en charge de la rénovation des rez-de-chaussée vacant, les élus écologistes de Saint-Etienne ont souhaité prendre la parole, précisant qu’ils étaient favorables aux aides attribuées pour la rénovation de ces locaux, nécessaires pour redynamiser le centre-ville.
« Depuis plusieurs années, et en particulier depuis l’ouverture de Steel en périphérie, le nombre de commerces physiques en centre-ville ne cesse de baisser, n’en déplaise à l’adjointe au commerce, a déclaré Julie Tokhi. Madame Lacour, vous avez beau utiliser les chiffres qui vous arrangent et les déformer, les Stéphanoises et les Stéphanois le remarquent malheureusement chaque jour. Pas une semaine sans voir une enseigne baisser le rideau ».
Grande vacance
La conseillère d’opposition faisait référence à un article de nos confrères du Progrès, qui revenait sur les chiffres annoncés par l’adjointe au maire chargée du commerce en juin dernier, affirmant qu’entre 2020 et 2025, le nombre d’établissements de commerce était en hausse de 18 % à Saint-Étienne, passant de 4 328 à 5 110, chiffres de la CCI à l’appui. Basée sur le code APE fourni par les entrepreneurs, l’article précisait que l’étude de la CCI regroupait ainsi aussi bien un salon de coiffure et un coiffeur à domicile, et donc ce qui est entendu par commerce ne rime pas forcément avec pas-de-porte. « On l’aura compris, en réalité, on est donc probablement assez loin (même si on ne sait pas exactement dans quelle mesure) des 5 110 commerces que la mairie, par raccourci, a tendance à vouloir faire passer pour des commerces physiques », analysait ainsi notre confrère.
Puis, Julie Tokhi poursuivait : « Le taux de vacance commercial dépasse les 15 % à Saint-Etienne, alors qu’il est de 10 % en moyenne au niveau national. Saint-Etienne est une grande ville, son centre-ville doit retrouver son dynamisme. Pour cela, il faut améliorer en priorité le quotidien des Stéphanoises et Stéphanois du centre-ville. Ils se sont exprimés lors des concertations. Ils ont demandé plus de végétal, plus d’axes piétons et de transports actifs ».
Faire face aux mutations
C’est d’abord le maire, Gaël Perdriau, qui a répondu en précisant que l’étude de la CCI était détaillée, et qu’ainsi « aucun chiffre n’a été tronqué, il n’y a aucune volonté de tromper quiconque, il suffisait de lire l’étude ». La subtilité n’avait pourtant pas été pointée de manière aussi claire en juin dernier… Pascale Lacour déclarait : « En février 2025, il y a 5 110 établissements ouverts. Je vous rappelle que ce chiffre est en constante augmentation puisqu’il y avait 4 328 commerces en 2020. Le solde de création/ radiation est positif en 2024, de plus de 263. Pour info, de 2014 à 2020, + 500 et de 2020 à aujourd’hui + 900. Nous notons par ailleurs que la répartition de ces établissements : cafés, restaurants, prêt-à-porter, beauté, est sensiblement identique à celle des communes de même strate ».
Lundi, l’adjointe chargée du commerce a expliqué que le phénomène de déliquescence des commerces en centre-ville était commun à de nombreuses villes, en raison notamment de la concurrence de la vente en ligne. Pour elle, le consommateur a aussi une responsabilité quand il cesse de fréquenter les commerces physiques, au profit d’Internet. « Dans un courrier, nous avons demandé à la ministre que les villes puissent s’occuper de l’encadrement des loyers et puissent avoir le choix sur les commerçants de centre-ville. Tout ceci est chez la ministre, mais je ne sais même plus laquelle, ni où se trouve notre courrier, tellement que cela change souvent ».
Puis, le maire a souhaité informer le conseil municipal que mardi, la délégation stéphanoise de la CCI et la Ville de Saint-Etienne signaient leur convention d’objectifs 2025-2027 pour le développement et l’attractivité commerciale du territoire. Un partenariat mis en place en 2018, tandis que la France affrontait la crise des gilets jaunes. Il s’agit de définir, et au besoin d’ajuster, des objectifs pour renforcer l’attractivité du territoire en matière de commerce.
Attirer de nouvelles enseignes
Mardi matin, Gaël Perdriau a égrainé la (longue) liste d’enseignes nationales qui ont mis la clé sous la porte, comme Casa, Pimkie, Princesse Tam-Tam, Camaïeu, San Marina, etc., en à peine trois années. « Nous sommes dans une période de transition majeure pour le commerce, une transition numérique, énergétique, économique. Nous faisons de notre mieux pour épauler le travail des commerçants et leur faciliter la vie, mais le contexte est difficile, à Saint-Etienne comme ailleurs. Nous constatons une forte hausse des achats en ligne ».
Irène Breuil, présidente de la délégation stéphanoise de la CCI le constate également. Il y a la hausse des achats en ligne, mais aussi une volonté d’avoir une consommation plus raisonnée, plus engagée, plus locale. Mais, malgré tout, les études rapportent une forte attente des consommateurs de lien humain. Tout n’est donc pas perdu. « Cela nous oblige à accompagner les commerces autrement, pointe la présidente. Nous disposons de plusieurs leviers comme un accompagnement renforcé sur la transition écologique ou la digitalisation par exemple, la prospection ciblée, et la réunion de conditions pour réussir comme des animations, la sécurité ». La convention vise à travailler à la structuration et au soutien d’une nouvelle association de commerçants, et un stand sera présent lors du Forum Franchise Lyon, afin d’attirer de nouvelles enseignes. « Nous ne prétendons pas détenir la solution miracle, mais nous refusons l’inaction, a lancé Irène Breuil. Le commerce, c’est la vie, cette vie que le numérique ne remplace pas ».