Par

Arthur Frand

Publié le

15 oct. 2025 à 14h20

Un constat clair qui interpelle. Dans un avis datant du 12 mai dernier, mais publié ce mercredi 15 octobre au Journal officiel, Dominique Simonnot, contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL) depuis 2020, fait état d’une situation alarmante sur de nombreux établissements pénitentiaires français. Celui de Nice dans les Alpes-Maritimes, l’un des plus surpeuplés de France, est cité à plusieurs reprises. Selon Dominique Simmonnot, la maison d’arrêt niçoise est dans un état de vétusté avancé et d’insalubrité chronique. Elle relève plusieurs problématiques que le bureau de l’UFAP Unsa Justice à Nice dénonce également. Pour ce dernier, cela ne fait qu’empirer.

« Murs humides, moisissures omniprésentes » à Nice

Tout d’abord, Danielle Simmonot rappelle l’extrême ancienneté et la vétusté structurelle de la prison de Nice. « Les maisons d’arrêt de Pau et de Nice, édifiées respectivement en 1861 et 1887, présentent également un état alarmant, des murs humides, des moisissures omniprésentes et des sanitaires dégradés », souligne-t-elle dans cet avis au Journal officiel consulté par actu Nice.

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« Des risques d’incidents graves », selon Danielle Simmonot

Des installations obsolètes qui engendrent des risques d’accidents. « Les occupants de la maison d’arrêt de Nice sont confrontés à des installations électriques dangereuses, augmentant les risques d’incidents graves, en particulier d’incendie », pointe Dominique Simmonot.

Selon cette dernière, la maison d’arrêt de Nice serait aussi dans un état d’insalubrité préoccupant avec la présence de nuisibles. « En témoignent les rapports de visite des maisons d’arrêt de Pau, Besançon, Grasse ou encore Nice : le manque d’étanchéité des murs, les fissures structurelles et les installations défectueuses composent un environnement propice à la multiplication des nuisibles […]. » La CGLPL dénonce une prolifération récurrente de rats, cafards et punaises de lit.

Dominique Simmonot évoque par ailleurs les conditions de détention à Nice. « À la maison d’arrêt de Nice, faute de rangements en nombre suffisant, les détenus sont contraints de stocker leurs effets personnels au sol. » L’établissement est cité parmi ceux ne disposant pas de douches en cellule, restreignant gravement l’accès à l’hygiène.

Absence de projet de rénovation et restrictions budgétaires

Enfin, pour la contrôleure générale des lieux de privation de liberté, l’absence de projet de rénovation de la maison d’arrêt de Nice n’aide en rien. Malgré les défaillances présentées. L’établissement serait sous contrainte budgétaire. « La maison d’arrêt de Nice, par exemple, se trouve comme figée dans sa vétusté du fait d’un improbable cercle vicieux : privée de projet concret de rénovation en raison de l’ouverture annoncée d’un nouvel établissement pénitentiaire en 2027, elle fait l’objet de restrictions budgétaires […]. »

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Pour rappel, la maison d’arrêt de Nice est l’une des plus surpeuplées de France. Au 1er mars dernier, elle était remplie à 174,4 % de sa capacité. La maison d’arrêt est composée de 250 agents.

« Les conditions deviennent indécentes » selon l’UFAP

Les problèmes relevés sont confirmés par Nordine Souab, délégué syndical UFAP pénitentiaire à Nice. « C’est de pire en pire chaque mois, les conditions, pour les détenus et les personnes qui y travaillent, deviennent indécentes. On se fait la remarque chaque jour. Il y a notamment une prolifération de rats. Déjà en mars dernier, quand Éric Ciotti était venu en visite (en mars 2025), les rats étaient passés devant nous », appuie Nordine Souab à actu Nice.

Ce lundi 13 octobre, le bureau de l’UFAP UNSA Justice à Nice a lancé un cri d’alarme dans une lettre ouverte. Selon lui, le personnel de l’établissement pénitentiaire est à bout. Plus que jamais. « Des secteurs entiers laissés sans surveillance : pas d’agent aux étages est le quotidien des personnels niçois. Certains collègues cumulent jusqu’à 16 nuits sur un mois. »

Contactée, la direction n’a pour l’instant pas fait de commentaires.

De son côté, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a donné une réponse fin août, précisant que « des diagnostics ont été effectués pour les établissements les plus vétustes afin d’identifier les travaux nécessaires et d’élaborer des propositions de phasage des opérations ». Deux appels d’offres pour la construction de 3 000 places de prison modulaires, qui pourraient être disponibles en 18 mois. Reste à savoir si les Alpes-Maritimes en bénéficieront.

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