«En trente ans de Bundestag, je n’ai jamais vu un ministre torpiller de front une procédure législative importante relevant de son propre domaine de responsabilité et plonger son propre groupe parlementaire dans le chaos», a affirmé le vice-président du groupe parlementaire des conservateurs.

Le ministre allemand de la Défense a écarté mercredi 15 octobre les accusations selon lesquelles il aurait empêché un accord au sein de la coalition gouvernementale concernant la réforme du service militaire, un projet clé de Berlin face à la montée de la menace russe. Boris Pistorius s’en est pris aussi aux responsables conservateurs de la coalition, qui réclament l’abattage de drones survolant des sites sensibles.

Qualifiant de «pourri» le compromis sur le service militaire, le ministre social-démocrate a affirmé que la dispute provoquée par son refus de valider l’accord entre les députés sociaux-démocrates et conservateurs «était bien moins dramatique que ce que l’on dit». Il a maintenu l’objectif d’une entrée en vigueur au 1er janvier d’une loi sur le sujet et qui doit aider à porter le nombre de soldats dans la Bundeswehr de 182.000 à au moins 260.000.


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Les conservateurs du chancelier Friedrich Merz étaient particulièrement remontés contre le ministre après son rejet mardi du compromis. «En trente ans de Bundestag, je n’ai jamais vu un ministre torpiller de front une procédure législative importante relevant de son propre domaine de responsabilité et plonger son propre groupe parlementaire dans le chaos», a affirmé Norbert Röttgen, vice-président du groupe parlementaire des conservateurs au quotidien Süddeutsche Zeitung.

Doter l’Allemagne de «l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe»

Dans le collimateur de Boris Pistorius: l’option d’un tirage au sort pour regarnir les rangs de l’armée si la progression des effectifs n’atteignait pas les objectifs fixés. Ce dernier veut étoffer les effectifs de la Bundeswehr en misant sur le volontariat. Mais l’armée peine à recruter, alors que le chancelier Merz veut doter l’Allemagne de «l’armée conventionnelle la plus puissante d’Europe». Cela dans un contexte de menace russe croissante et de repli américain du continent européen.

Ce couac s’ajoute aux prises de bec sur un autre sujet tout aussi brûlant: l’abattage de drones suspects survolant des sites sensibles, après la multiplication d’incidents de ce type en Europe.

Le ministre de l’Intérieur, le conservateur bavarois, Alexander Dobrindt, veut que l’armée soit davantage impliquée, notamment dans la protection des aéroports, pour le moment du ressort de la police fédérale. Boris Pistorius s’y est opposé, arguant de difficultés de mise en œuvre: «Parlons d’abord des réalités», a-t-il lâché. Il s’en est également pris au dirigeant conservateur de la Bavière Markus Söder qui réclame d’abattre ces drones. «Ce qui nous aide le moins, c’est la rhétorique du pistolero», a-t-il commenté auprès du portail The Pioneer.