Interrogé sur le sujet en conférence de presse, le porte-parole de la chancellerie a relativisé la portée des piques et des sarcasmes, notant que l’objectif de M. Merz de bâtir la plus puissante armée conventionnelle d’Europe restait d’actualité, afin de répondre à une menace russe croissante et au repli américain d’Europe sous l’impulsion de Donald Trump.

« Je recommande à tout le monde de réduire un peu la dramaturgie, l’Allemagne n’est pas divisée, affaiblie ou en incapacité d’agir à cause » de ces disputes publiques, a estimé Stefan Kornelius, auquel l’AFP demandait si ces querelles envoyaient un message de faiblesse aux autorités russes.

« Si Poutine teste nos frontières, nous réagirons avec fermeté » : L’Allemagne envoie des avions de combat en PologneJamais vu ça

« On souhaiterait voir plus de débats et de démocratie en Russie », a-t-il argumenté.

La veille, le ministre de la Défense avait refusé de valider l’accord entre les députés sociaux-démocrates et conservateurs en faveur d’un système de tirage au sort pour recruter dans l’armée, si le nombre des volontaires était insuffisant.

« En trente ans de Bundestag (la chambre basse du Parlement, ndlr), je n’ai jamais vu un ministre torpiller de front une procédure législative importante relevant de son propre domaine de responsabilité », s’est emporté Norbert Röttgen, le vice-président des députés conservateurs, dans les colonnes de la Süddeutsche Zeitung.

Le ministre a voulu corriger le tir mercredi matin, assurant que son coup d’éclat « était bien moins dramatique que ce que l’on dit ».

Le porte-parole du chancelier a quant à lui insisté sur le fait que l’objectif de transformer l’Allemagne en puissance militaire restait une priorité. En 2035, ce pays compte avoir une armée de « 460.000 soldates et soldats », 260.000 d’active et 200.000 réservistes.

Actuellement, les effectifs de la Bundeswehr tournent autour de 180.000 personnes (plus 49.000 réservistes).

Il a assuré qu’une loi serait votée et mise en application dès le 1er janvier, comme prévu.

Le porte-parole a aussi rappelé que depuis l’attaque à grande échelle de l’Ukraine par la Russie en février 2022, l’Allemagne devait « faire face à une menace nettement plus grave ».

En Allemagne, face à l’extrême droite, le désarroi des partis du centreGuerre et paix

MM. Merz et Pistorius répètent régulièrement que, face aux tentatives russes de déstabilisation, d’espionnage, de désinformation et d’intimidation, l’Allemagne n’était « pas encore en guerre mais pas non plus en paix ».

La coalition entre conservateurs et sociaux-démocrates au pouvoir en Allemagne a été constituée au printemps, sur fond de percée électorale de l’extrême droite prorusse. Elle est néanmoins régulièrement déstabilisée par des controverses.

M. Merz a fait des questions de sécurité nationale une priorité, annonçant des investissements sans précédent dans une armée sous-financée et sous-équipée depuis des décennies. Il a aussi réaffirmé son soutien indéfectible à l’Ukraine, dont l’Allemagne est le principal bailleur européen.

Mais le gouvernement est également accusé de manquer de fermeté face aux agressions dont la Russie est accusée.

Ainsi, les conservateurs bavarois, membres de la coalition, militent pour que l’armée et la police abattent les drones survolant des sites sensibles, une solution que d’autres rejettent en raison notamment du risque de dommages collatéraux.

Le dirigeant de la Bavière, Markus Söder, a réclamé que la politique soit d' »abattre plutôt qu’attendre ».

« Ce qui nous aide le moins, c’est la rhétorique du pistolero », a répondu le ministre de la Défense, cité mercredi par le portail The Pioneer.

Les chrétiens-démocrates allemands, « sans aucune nécessité », ont contribué « à la normalisation » du parti d’extrême droite AfD