Elle n’a pas traîné à exprimer sa réprobation. Ce furent même ses premiers mots en introduction, mercredi, de l’audience d’installation de cinq nouvelles magistrates. Anne Gaches, procureure de la République, est allée droit au but.
« Il y a quelques semaines, la justice a été attaquée dans sa légitimité et écorchée dans sa stabilité. Après le rendu de leur décision, des juges ont fait l’objet de menaces de mort. L’arrivée de nouveaux collègues prend tout son sens en ces temps de tourmente… »
« La justice doit être la même pour tous »
Toute référence aux remous qui ont accompagné la condamnation de Nicolas Sarkozy n’est bien évidemment pas fortuite, même si le nom de l’ancien président de la République n’a pas été cité. C’est d’ailleurs sur la même ligne que les deux chefs de juridiction stéphanois défendent la « maison » : François Xavier Manteaux, président du tribunal judiciaire, a conclu l’audience en soulignant que « l’institution a dû faire face à un flot de critiques de la part de personnes qui ont eu les responsabilités les plus éminentes, mais la justice doit être la même pour tous ».
Une fois ces comptes réglés est venue l’heure d’une autre addition. Beaucoup plus optimiste. Outre quatre greffiers et cinq agents administratifs, le tribunal judiciaire de Saint-Étienne accueille cinq nouvelles magistrates : quatre au siège, « dont l’effectif, pour la première fois depuis longtemps, est complet », et une pour le parquet.
Pascale Hygont Dartigues prend la vice-présidence en charge des enfants. Elle connaît déjà Saint-Etienne pour y avoir exercé comme juge des enfants puis de l’application des peines. Sophie May, après une carrière d’avocate spécialisée dans le contentieux du droit social, a intégré la magistrature en 2023 et sera responsable à Saint-Etienne du contentieux de la liquidation des régimes matrimoniaux.
Le service de l’instruction désormais au complet
Bertille Catheland arrive de Lyon, elle sera vice-présidente en charge de l’instruction et doyen des juges d’instruction. Mathilde Lesman, la « benjamine du siège », commence sa carrière dans des fonctions de juge d’instruction. Avec ces deux arrivées, le service de l’instruction est désormais au complet.
Enfin, Florie Lanoir, tout juste diplômée de l’École nationale de la magistrature à Bordeaux, a choisi comme premier poste celui de substitut à Saint-Etienne. Confidence : la jeune femme a réussi à la fois l’examen du barreau et le concours d’entrée dans la magistrature, vers laquelle elle s’est finalement tournée. « Ses six premières semaines au parquet de Saint-Étienne sont impressionnantes », souligne la procureure.
En cette rentrée 2025, le tribunal judiciaire de Saint-Etienne se trouve donc féminisé. Rajeuni. « Plus de 40 % des magistrats ont moins de 45 ans » a souligné le président Manteaux. Et toujours autant sollicité. « Dans cette juridiction attachante et sympathique, conclut avec humour Anne Gaches, le travail manque bien moins que le personnel pour le faire ! ».