Parmi ceux pour quoi la saison 2025 a été difficile, un nom se détache, celui de Brad Binder. Ces quatre dernières années, le Sud-Africain s’était pourtant imposé comme un pilote fiable pour KTM, capable d’obtenir de bons résultats et de régulièrement se classer dans les points tout au long du championnat.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Entre sa deuxième saison en 2021 et la fin de la saison dernière, il n’a jamais terminé plus bas que la sixième place du championnat, remportant au passage une victoire et dix podiums. Depuis son arrivée, il n’a jamais été devancé au classement par un autre pilote KTM, pas même en 2024, lorsque Pedro Acosta a fait des débuts très remarqués dans la catégorie, au sein de l’équipe Tech3 et avec un équipement d’usine.
La situation est pourtant radicalement différente en 2025. À quatre Grands Prix de la fin du championnat, Binder occupe une modeste 11e place avec 118 points au compteur et seulement deux courses terminées dans le top 5 à ce jour (un sprint et un GP). À l’inverse, Acosta, qui est désormais son coéquipier dans l’équipe d’usine, le devance de cinq rangs, ayant marqué 215 points et obtenu trois podiums le dimanche.
Le Sud-Africain lui-même ne peut que constater que son année n’est pas à la hauteur, ce qu’il a admis dans une interview accordée à Motorsport.com à Mandalika.
« Ces derniers temps, ça n’a pas été amusant de courir derrière, et il est évident que ça n’est pas là que je voudrais être, mais c’est comme ça », a expliqué Brad Binder. « La réalité, c’est que c’est la vitesse que l’on a en ce moment et le rythme que l’on a. On doit juste s’efforcer d’être meilleurs et aller de l’avant. »
La carrière de Brad Binder en MotoGP en chiffres :
Classement au championnat
Podiums
Points
*saison en cours
Une saison mal embarquée pour KTM
Avec les difficultés rencontrées par KTM loin des circuits l’hiver dernier, la saison est partie du mauvais pied. Pour autant, la RC16 a gagné en compétitivité depuis le GP de République tchèque en juillet, et une évolution aérodynamique en Autriche, après la pause estivale, l’a encore rapprochée de la tête.
Mais alors que Pedro Acosta et, dans une moindre mesure, Enea Bastianini ont bénéficié de ces améliorations, Brad Binder n’a pas encore réalisé un week-end parfait depuis. À ce stade, le trentenaire s’est fait à l’idée que cette saison 2025 aura été difficile de bout en bout pour lui, pourtant il reste persuadé que KTM et lui peuvent encore trouver une solution.
« Je ne dirais pas que c’est difficile à accepter, je pense que c’est assez normal », nous explique-t-il lorsque nous l’interrogeons sur le fait qu’il n’est plus, à ce jour, le leader du groupe KTM.
    
 
La saison 2025 aura-t-elle été un accident de parcours pour Brad Binder ?
Photo de: KTM Images
« Je n’ai pas eu beaucoup de bons résultats, au début de l’année je terminais à peine les courses. Il y a eu une période où l’on a eu un peu de mal, [mais] maintenant les choses sont beaucoup mieux réglées, on a une bien meilleure compréhension des choses, et il y a beaucoup de choses à venir de la part de KTM. Je suis impatient de voir comment ce processus de développement va se dérouler, et ce n’est qu’une question de temps avant que l’on soit de retour à notre meilleur niveau. »
Des difficultés techniques et l’espoir de nouveautés
Les problèmes de Binder proviennent d’un manque d’adhérence à l’avant et de vibrations à l’arrière de sa machine, un problème qui a ponctuellement affecté tous les pilotes KTM au cours de cette saison.
« La seule chose sur laquelle les gars travaillent est d’essayer de jouer un peu avec notre châssis », a-t-il expliqué. « On a eu beaucoup de chattering et on manque d’adhérence à l’avant, alors ils ont joué avec les rigidités et les équilibres pour essayer d’atténuer un peu ce problème. »
Questionné pour savoir si un changement devait avoir lieu sur sa moto ou plutôt dans son pilotage, Binder a ajouté : « Depuis quelque temps, j’ai essayé de modifier un peu mon style de pilotage et je ne peux le faire que dans une certaine mesure, mais j’ai besoin d’un peu plus de grip à l’avant. Si on arrivait à trouver un équilibre entre l’avant et l’arrière qui soit un peu plus tolérant à l’avant, et à se débarrasser de notre problème de chattering, alors la situation serait très, très différente. »
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Chez Ducati, Pecco Bagnaia a semblé renverser sa propre situation difficile lors du test post-course mené à Misano en septembre, en revenant à une GP24 équipée d’un moteur de 2025. Ce même test a également permis à d’autres pilotes d’essayer de nouvelles pièces, et parmi eux Binder, qui pense que ces développements pourraient l’aider dans la dernière partie de la saison.
« On a testé certaines améliorations apportées par l’équipe et qui sont maintenant en production, donc il y a de bonnes choses à venir. C’est l’une des choses qui sont dans les tuyaux et qui peuvent un peu nous aider à améliorer nos performances. »
L’écart avec ses coéquipiers
KTM est confrontée à ce qui devient un problème alarmant, et c’est l’écart qui se creuse entre Acosta et le reste des pilotes du groupe. Au Japon, par exemple, l’Espagnol s’est qualifié en quatrième position, à seulement 0″158 de la pole position, tandis que ses trois acolytes se sont élancés au-delà des cinq premières lignes.
Concernant Maverick Viñales, son manque de vitesse ces dernières semaines peut être attribué à sa blessure de cet été, dont il peine à se remettre. Il s’était en effet rapidement adapté à la RC16 l’hiver dernier et avait décroché la deuxième place du GP du Qatar avant d’être pénalisé pour ne pas avoir respecté la pression des pneus obligatoire. Enea Bastianini, quant à lui, a également connu des moments forts cette saison, malgré des débuts compliqués avec la KTM. Il a terminé troisième du sprint de Brno, puis est monté sur le podium du GP de Catalogne.
    
 
Pedro Acosta a pris le dessus sur les autres pilotes KTM cette saison.
Photo de: Gold and Goose Photography / LAT Images / via Getty Images
Binder est donc le seul pilote KTM à ne pas avoir fêté de podium cette saison (en dehors de Viñales, qui a dû rendre son trophée), et ce alors qu’il est celui qui connaît le mieux cette moto et le constructeur autrichien. Et le Sud-Africain ne peut que constater que son voisin de stand affiche une forme impressionnante cette saison, tout en apportant une explication possible quant au fossé qui sépare l’Espagnol des autres pilotes KTM.
« Au début de l’année, c’était un peu plus ‘un week-end pour un pilote, puis le suivant pour un autre’, et puis il y a eu un moment où Pedro a vraiment tout fait sur sa moto comme on le faisait la saison dernière. Il s’en est tenu à un châssis beaucoup plus normal et ce genre de choses, et à partir de là, il a vraiment été super constant et il a bâti là-dessus », a-t-il analysé.
« Pendant ce temps, on a aussi joué avec beaucoup de domaines qui ne fonctionnaient pas du tout, et on est arrivés sur certains circuits où ça ne fonctionnait pas dès le premier tour et où ne pouvait pas vraiment faire quoi que ce soit pendant le reste du week-end. Donc [ça a été] un peu compliqué. Mais il est certain qu’il a fait un travail incroyable et c’est très impressionnant de voir à quel point il roule bien. »
Des signes de progrès
Brad Binder a finalement obtenu lors du dernier Grand Prix en date ce qui est son meilleur résultat à ce stade de la saison, puisqu’il est remonté de la 15e à la quatrième place en Indonésie pour finir à une seconde seulement du podium. Bien qu’il soit le premier à admettre que son résultat est dû aux conditions uniques rencontrées à Mandalika, la façon dont Binder a réussi à se frayer un chemin à travers le peloton reste impressionnante. Cela serait-il de bon augure pour le reste de la saison ?
« Je pense que c’est un endroit spécial, mais j’espère vraiment que c’est un tournant pour moi, car j’ai eu une saison très, très, très difficile. C’est bien de terminer à nouveau quatrième, c’était génial de se battre avec les autres. Mais c’est aussi très spécial [en Indonésie], le niveau d’adhérence est très bas, les pneus sont bizarres. On verra bien quand on reviendra en Europe. »
Il serait en effet erroné de tirer des conclusions du week-end indonésien, néanmoins le fait de s’être classé dans le top 5 a de quoi renforcer la confiance d’un pilote qui a traversé beaucoup d’épreuves cette saison. Brad Binder doit maintenant espérer que 2025 n’aura été rien d’autre qu’un accident de parcours, alors qu’il se prépare pour une année charnière, la dernière du cycle réglementaire actuel et celle qui mènera à la fin d’un contrat d’une durée rare qu’il avait signé avec KTM en 2022.
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