LIONEL BONAVENTURE / AFP
Cédric Jubillar, photographié dans la salle d’assises du Tarn, à l’ouverture de l’audience de son procès pour le meurtre de sa femme Delphine Jubillar.
JUSTICE – Le procès de Cédric Jubillar touche à sa fin. Après quatre semaines d’audiences, les avocats généraux ont requis, ce mercredi 15 octobre, une peine de trente ans de réclusion criminelle requise à l’encontre de l’accusé, qui comparaît devant la cour d’assises du Tarn pour le meurtre de sa femme Delphine, disparue en décembre 2020.
L’avocat général Pierre Aurignac a demandé « une réponse pénale extrêmement ferme » pour un « meurtre aggravé » dont le corps n’a jamais été retrouvé. Un peu plus tôt, son collègue Nicolas Ruff avait aux jurés dit sa conviction que Cédric Jubillar est « coupable ». « Je prononce ces mots qui accusent en assumant pleinement leurs conséquences et en espérant vous convaincre de condamner Cédric Jubillar pour le meurtre de Delphine », a-t-il déclaré aux jurés.
« Au bout du chemin, je n’ai aucun doute sur le fait que Delphine Aussaguel est morte » le soir du 15 décembre 2020, « je n’ai aucun doute sur le fait que c’est Cédric Jubillar qui l’a tuée », a-t-il affirmé, estimant que les jurés devraient eux aussi parcourir le même chemin, en se posant « les mêmes questions ».
Descendu dans le prétoire pour s’adresser « uniquement » à la cour et aux jurés, Nicolas Ruff les a appelés à ne pas rendre une « justice des on-dit » dans un dossier qui a vu « le pire de ce que peut être la médiatisation ». Sans hausser le ton, regardant régulièrement l’accusé et sa défense, Nicolas Ruff s’est défendu d’être un « mercenaire de l’accusation », affirmant livrer son « analyse factuelle et juridique d’un dossier ».
Et si l’absence du corps de Delphine Jubillar « rend votre travail judiciaire plus compliqué », a-t-il dit aux jurés, « elle n’empêche pas la justice de travailler » et « on doit condamner quand il y a des éléments qui convergent », a-t-il insisté.
« Dire que ce dossier est vide, c’est ne pas voir», a poursuivi le magistrat en référence à la ligne de défense des avocats de Cédric Jubillad. Loin du « désastre judiciaire » annoncé par la défense si leur client était condamné, Nicolas Ruff a estimé que les indices démontraient au contraire que « Cédric Jubillar est coupable du meurtre de Delphine Aussaguel ».
Escquives et contradictions
Les deux représentants de l’accusation ont questionné Cédric Jubillar avec courtoisie pendant près d’un mois, mais ses esquives et contradictions ont fini par les agacer. « À chaque fois qu’on essaie de dialoguer avec vous, vous vous dérobez, c’est un peu vain de discuter », a ainsi regretté Pierre Aurignac lundi, lors du long interrogatoire de Cédric Jubillar. « Vous dites tout et son contraire sur tout et n’importe quoi », s’est aussi exaspéré Nicolas Ruff lors de la même journée.
Delphine Jubillar a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Son mari, principal suspect depuis le début de l’enquête, aura l’opportunité de s’exprimer une dernière fois devant la cour vendredi avant qu’elle ne se retire pour débattre puis qu’elle rende son verdict. Il clame son innocence depuis le début.