À la suite de cette étude d’impact économique réalisée par la chambre de commerce, le président-maire de la métropole, à l’origine de cette décision, défend une amélioration de la qualité de l’air.
Le cas des bateaux de croisières à Nice et Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) soulève toujours des débats après la publication d’une étude d’impact économique par la chambre régionale de commerce et d’industrie estimant les pertes à plusieurs millions d’euros. D’abord défenseur d’une interdiction totale des grandes croisières dans la très prisée rade de Villefranche-sur-Mer, le président-maire de la métropole, Christian Estrosi (Horizons), était revenu sur sa décision fin février face à la grogne des professionnels locaux, préférant finalement une nouvelle limitation.
Il avait alors posé plusieurs limites : 65 escales par an maximum, pas plus d’un paquebot par jour ne devant pas transporter plus de 2500 passagers. Concernant le port de Nice, aucun bateau de plus de 450 passagers ne serait accepté.
C’est à partir de ces prévisions, évoquées lors d’un conseil portuaire en mars, que la CCI de Nice s’est basée pour calculer les pertes financières directes et indirectes. Avec 78.581 croisiéristes estimés en 2025 à Villefranche-sur-Mer, soit une baisse de moitié (qui correspond à 60 escales au lieu des 88 prévues), l’impact économique s’élève à 7,5 millions d’euros. Un manque à gagner qui concerne principalement les acteurs portuaires et touristiques, restaurants et commerçants compris. Pour le port de Nice, avec 25% de passagers en moins, les pertes sont chiffrées à plus de 643.600 euros, précise l’étude.
«Base objective» pour une «réflexion collective»
Pour l’année 2026, dans l’hypothèse d’une baisse de 75% de croisiéristes (65 escales au lieu des 123 programmées), les pertes sont quant à elles estimées à environ 14 millions d’euros, prévient la CCI de Nice. Côté port, elles grimperaient à un million d’euros (33.000 passagers contre 43.486). «Cette étude, lancée à la demande des parties prenantes, constitue une base objective destinée à favoriser une réflexion collective et soutenir une prise de décision éclairée», a expliqué la chambre de commerce dans son communiqué.
L’Union maritime des Alpes-Maritimes et l’association des commerçants de Villefranche-sur-Mer s’étaient félicitées du retrait de l’arrêté d’interdiction totale des croisières alors qu’un recours en justice pour le contester était même envisagé par le maire de la commune. Mais ces acteurs restent sceptiques quant aux nouvelles limitations proposées, notamment sur les seuils des passagers par bateau. «L’UM06 ne peut accepter que les seules décisions soient prises sur la base de seuils arbitraires et souhaite s’engager avec sérieux dans cette concertation», avait fait savoir ce collectif de professionnels locaux du maritime.
«Principal émetteur d’oxydes d’azote»
Christian Estrosi a pour sa part insisté sur le fait que «le prisme économique ne peut pas être le seul critère de décision» et a défendu une amélioration de la qualité de l’air en lien avec la pollution qu’engendreraient ces paquebots. «Le secteur du maritime représente le principal émetteur d’oxyde d’azote», a-t-il réagi, en s’appuyant sur des données d’AtmoSud, un observatoire spécialisé. «Depuis 2015, les émissions des croisières sont en augmentation de 25% avec des panaches de fumée, tout cela a évidemment des conséquences pour la santé des habitants», a ajouté l’édile niçois dans un communiqué en réaction à l’étude de la CCI.
Face aux pertes financières, Christian Estrosi a alors défendu sa politique d’accueil de grands événements internationaux, «dont les retombées dépassent largement le chiffre avancé par l’étude de la CCI», a-t-il encore assuré, preuve que le débat n’est pas terminé sur ce sujet. Du 9 au 13 juin, le troisième sommet onusien de l’océan (Unoc 3) se tiendra à Nice avec de nombreux experts et une centaine de chefs d’État et de gouvernement.