Par
Julien Sournies
Publié le
23 avr. 2025 à 14h42
L’annonce de reprise de Vencorex, usine de la plateforme chimique du sud de Grenoble (Isère), par le groupe chinois Wanhua, via sa filiale hongroise BorsodChem, fait grincer des dents depuis le verdict prononcé par le tribunal de commerce de Lyon le 10 avril dernier. En effet, en raison de ce rachat, seule une cinquantaine d’emplois – sur les 450 initiaux – est maintenue. Face à cette décision, Aurélie Trouvé, députée de Seine-Saint-Denis et présidente de la Commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale, a appelé le gouvernement à s’expliquer.
Une demande de commission d’enquête parlementaire
Par le biais d’un communiqué publié sur ses réseaux sociaux, la députée LFI « demande une commission d’enquête parlementaire sur l’abandon de l’usine Vencorex », ajoutant que la cession de ce fleuron de la chimie va mettre en danger « notre souveraineté industrielle ».
L’abandon de cette production menace directement l’autonomie technologique et industrielle de la France dans des secteurs aussi cruciaux que le nucléaire, le spatial et la défense.
Aurélie Trouvé
La présidente de la Commission des affaires économiques à l’Assemblée nationale rappelle par ailleurs que des élus politiques de tous bords, nationaux et locaux, ainsi que les syndicats de salariés ont alerté le gouvernement depuis des mois sur l’avenir de cette usine, « sans qu’aucune mesure concrète et efficace n’ait été prise : ni la renationalisation temporaire, ni des soutiens publics suffisants pour que le projet porté par les salariés soit jugé suffisamment rentable ».
L’élue regrette également que la proposition d’un investisseur indien, lequel est venu soutenir le projet sous forme de SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), n’ait pas été étudiée, « alors qu’elle était sur la table ».
Les raisons budgétaires avancées par le gouvernement questionnent
Aurélie Trouvé s’enquit aussi sur les raisons budgétaires avancées par le gouvernement pour expliquer cette absence de soutien envers la plateforme chimique. Dans une lettre envoyée fin février aux élus et syndicats, le Premier ministre François Bayrou avait affirmé qu’une expertise « a démontré que l’activité de Vencorex n’est pas viable » et que « tous les scénarios étudiés, y compris les plus optimistes » estiment qu’une reprise totale mènerait à « des pertes cumulées de plusieurs centaines de millions d’euros à un horizon 2032/2033 ».
Selon l’élue LFI, cette justification ne tient pas debout, « puisque les coûts de l’abandon de la production (dépollution, recertification du sol pour la défense nationale…) risquent d’être bien supérieurs à celui de son maintien ».
Ainsi, avec cette demande de commission d’enquête, la députée de Seine-Saint-Denis compte bien « établir les responsabilités du gouvernement et des entreprises clientes de Vencorex dans la liquidation de l’entreprise », et ce, quitte à en faire « une démarche transpartisane ».
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