Chaque année, jusqu’à 2,7 millions de tonnes de plastiques sont déversées dans les océans a révélé en 2021 une étude de l’ONG The Ocean Cleanup. Ces déchets, dont 80 % sont d’origine terrestre, sont acheminés par les rivières et les fleuves devenus de véritables autoroutes plastiques. Pour traiter cette pollution à la source, la société toulousaine Plastic Vortex a imaginé et fabriqué un système breveté de barrage flottant qu’elle a déployé pour la première fois à Toulouse, son site pilote.

L’installation a été arrimée le 19 septembre dernier côté rive droite de la Garonne, au pont d’Ancely et de l’autre, 150 mètres plus bas, au pont de Blagnac, dans le quartier des Sept-Deniers. Accrochés à un câble métallique, une bande en caoutchouc immergée sur 40 cm et des flotteurs de part et d’autre traversent la Garonne en diagonale pour guider les déchets vers un système de collecte automatisé.

« Une fois bloqués, les macroplastiques sont remontés à l’aide d’un convoyeur jusqu’à une benne positionnée sur la berge. Ce tapis roulant se déclenche selon les besoins et ne nécessite pas d’intervention humaine ce qui permet de réduire les coûts d’exploitation », explique Patrick Thaunay, cofondateur de Plastic Vortex.

30 autres barrages installés en France

À l’échelle de la ville de Toulouse, ce barrage flottant doit permettre, sans gêner la circulation de la faune aquatique, d’intercepter 80 % des déchets circulant sur la Garonne à la surface de l’eau, de la taille d’un mégot à celle d’un bidon. La société estime que 8 tonnes de plastiques, soit l’équivalent de 425 000 bouteilles, pourraient être récupérées chaque année pour être triées et dirigées vers des filières de valorisation.

Pour donner vie à leur premier projet de barrage, testé à Toulouse en partenariat avec la collectivité Toulouse Métropole, les quatre associés de Plastic Vortex ont investi au total 180 000 euros de fonds propres et levé 320 000 euros sous forme de prêts bancaires et de subventions accordées par l’Agence de l’eau Adour-Garonne, la Région et Bpifrance.

Le dispositif a été conçu pour pouvoir fonctionner aussi durant les crues annuelles et s’ouvre automatiquement en deux en cas de trop forte montée des eaux pour ne pas se laisser emporter. Au-delà de Toulouse, le projet de Plastic Vortex et ses actionnaires, parmi lesquels figure Inddigo, société de conseil et d’ingénierie en développement durable, est de parvenir à un maillage national en installant 30 autres barrages en France.

Une fois déployé, ce réseau pourrait permettre, selon les estimations de l’équipe de Plastic Vortex, de capter quelque 175 tonnes de plastiques sur les 250 qui prennent chaque année le chemin des mers et des océans via les cours d’eau français, soit l’équivalent de 9 millions de bouteilles en plastique.