Une téléréalité sans sexe – ou presque. L’émission Are you my first ? (Première fois, en français) pourrait ressembler à n’importe quel programme de dating, si ce n’est que les candidats n’ont jamais fait l’amour, qu’ils l’assument et le revendiquent. Un concept qui séduit, qui interroge, ou qui dérange, c’est selon, mais qui ne laisse pas indifférent, à en croire les nombreux contenus et commentaires publiés sur les réseaux sociaux sur le sujet.

Disponible sur Disney+ depuis le 18 août, la téléréalité réunit des célibataires âgés de 23 à 34 ans sur une île paradisiaque pour trouver l’amour. Rien de neuf sous les tropiques, a priori. C’est en tout cas le concept de base des (très) nombreux programmes du genre, de Love is Blind à Ultimatum en passant par The Perfect Match. Mais si ces émissions étaient de plus en plus portées sur le sexe ces dernières années, à l’image de Too Hot To Handle et Frenchie Shore, Are you my first ? se démarque en mettant en scène « le plus grand groupe de vierges jamais rassemblé ».

Lever les tabous autour de la virginité

Vont-ils trouver l’amour et donc sauter le pas ? C’est (forcément) la question que l’on se pose au fil des épisodes, et – sans doute – le dénouement que l’on espère (un peu). Bien évidemment, on ne spoilera pas. Mais ce concept entend (aussi) en finir avec les nombreux clichés qui gravitent autour de la virginité. « [Elle] a toujours été taboue, que tu la perdes ou non, mais on va changer ça. », lance la voix off dès le début du programme. Les portraits se succèdent et lèvent le voile sur les raisons pour lesquelles chaque candidat a décidé d’attendre la bonne personne, et sur les stéréotypes auxquels ils sont confrontés. Et ils sont nombreux.

Mais il s’agit aussi de réunir des célibataires « sur la même longueur d’onde ». C’est une ritournelle chez l’ensemble des candidats : leur virginité rend les rencontres complexes au quotidien. « Pour une fois dans ma vie, je ne suis pas le mouton noir », se réjouit l’un d’entre eux au début de l’émission. Autrement dit, le programme leur offre un espace sécurisé et surtout une absence totale de jugement dans l’œil de l’autre, tout comme la possibilité, si une relation se concrétise, de vivre la même (première) expérience. C’est en tout cas ce qui est mis en avant.

« Tout le monde est vraiment vierge ? »

Mais les internautes américains ne semblent pas tous l’entendre de cette oreille. Sur les réseaux sociaux, notamment TikTok, le programme fait l’objet de plusieurs critiques. Le principe même de l’émission en dérange certains. « Est-ce que quelqu’un d’autre trouve le concept bizarre ou est-ce juste moi ? », interroge une internaute sur le compte Instagram officiel de Are You My First ?. Tandis que d’autres pointent du doigt la légèreté avec laquelle est abordée la virginité dans l’émission.

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Mais les internautes vont encore plus loin, remettant avant tout en question la sincérité des candidats. « Comment savoir s’ils sont vraiment vierges ? », « Impossible à vérifier à moins de faire un test physique », peut-on lire sur le média social. Ce qui aurait fait passer, il faut le reconnaître, l’émission de « bizarre » à carrément dérangeante, surtout si l’on considère que ledit test n’aurait pu être réalisé que sur les femmes. Reste que les présentateurs eux-mêmes jouent avec cette éventualité, la première question posée aux candidats n’étant autre que « Est-ce que tout le monde est vraiment vierge ? ».

Le reflet d’une société en mouvement ?

Les critiques demeurent toutefois minoritaires par rapport aux commentaires positifs, beaucoup n’y voyant qu’une téléréalité comme une autre – avec tous les ingrédients habituels. Dans The New York Times, Karen Plumb, productrice du programme, évoque de son côté un concept « dans l’air du temps ». La téléréalité, tout comme d’autres pans de la culture, est elle aussi influencée par la vague de conservatisme aux Etats-Unis. En témoigne le succès de l’émission La vie secrète des épouses mormones.

L’émission est également le reflet d’une jeunesse dont le rapport au sexe a évolué. « Je ne suis pas surprise que des gens soient vierges. Ils ont peur du sexe, ils ont peur de l’intimité et ils ont peur de parler aux gens », poursuit Karen Plumb. D’après le quotidien américain, qui relaie les résultats préliminaires d’une enquête réalisée par le Kinsey Institute et DatingAdvice.com, environ un adulte américain célibataire sur cinq se définit comme vierge.

De quoi faire émerger d’autres concepts de ce type, aux Etats-Unis comme dans le reste du monde. Les Britanniques n’y ont d’ailleurs pas échappé, avec Virgin Island, émission du même type diffusée en mai dernier sur Channel 4. A quand un programme similaire en France ?