« Une faute impardonnable », selon le syndicat SNJ (Syndicat national des journalistes) de France Télévisions. Tout comme la CGT France TV, la SNJ a fait savoir sa déception suite à l’erreur commise dans le journal de 13h, puis de 20h sur France 2, ce lundi 13 octobre. Tour à tour, Julian Bugier puis Léa Salamé ont indiqué que Dominique Bernard, un professeur tué en 2023 par un terroriste islamiste, avait « montré des caricatures de Charlie Hebdo » à ses élèves. Or, c’est Samuel Paty, lui aussi tué par un terroriste islamiste en 2020, qui avait montré ces caricatures à ses élèves et non Dominique Bernard.

« Le navire amiral du 20h est en train de couler »

L’erreur a été largement relayée, et au vu de la consternation du public, la chaîne a réagi plus tard dans la soirée de lundi, reconnaissant « une erreur » et présentant « ses excuses à la famille de Dominique Bernard et à ses téléspectateurs ». Dans un message interne consulté par l’AFP, le directeur de l’information de France Télévisions, Alexandre Kara avait pointé ce mardi « une erreur d’importance » et appelé « l’ensemble des équipes rédactionnelles à une vigilance renforcée ». « Nous allons analyser la chaîne des événements qui a conduit à ce ratage », écrivait-il, ajoutant : « Nous allons devoir encore améliorer la chaîne de contrôle éditoriale des textes de nos éditions, pourtant importante, mais visiblement pas suffisante. »

La CGT estime elle que « le navire amiral du 20h est en train de couler », pointant du doigt « la faillite d’un système forgé pendant plusieurs dizaines d’années au sein de l’antenne de France 2 », et regrettant qu’un rectificatif n’ait pas été fait à la fin du JT.

« Comment la même erreur, grossière, a-t-elle pu être commise deux fois le même jour ? », se questionne quant à lui le SNJ.

« Ce n’est pas une bourde, c’est une faute grave »

Tout comme les syndicats, les internautes ont partagé leur désillusion et leur indignation sur les réseaux sociaux : « Qu’un journaliste fasse une bourde… Que personne dans une rédaction ne bronche et qu’on refasse la même chose le soir… », « Ce ne sont donc pas les présentateurs qui écrivent leurs textes ? Pour faire une bourde pareille il faut vraiment le faire ! », « Ce n’est pas une bourde, c’est une faute grave », « Une honte absolue », « C’est insultant à un point », peut-on lire sur X.

« Tout le monde sait que Dominique Bernard n’a pas montré de caricatures à ses élèves. Et des journalistes ne le sauraient pas ? C’est quel niveau d’inculture ? », s’agace un autre utilisateur. Un autre approuve les messages des syndicats : « Une réaction à la hauteur de la faute commise, de l’émotion, la peine et la colère qu’elle a provoquées. »

« C’est un nouveau concept. Le présentateur (ce n’est pas du journalisme) qui lit un prompteur rédigé par le stagiaire de troisième qui a utilisé ChatGPT (mais a recopié de travers et sans comprendre). Pas grave, personne de sensé ne regarde ces émissions sans intérêt », écrit un autre. « Cela fait un moment que des personnes se disant journalistes ne font plus du journalisme. Pour cela qu’on se détourne des journaux télévisés dont la médiocrité est proche des « reportages » d’influenceurs », analyse un autre.

« Elle se contrefout de l’information »

Certains téléspectateurs souhaiteraient également que Léa Salamé, qui présente le JT de 20h sur France 2 depuis la rentrée, soit écartée de l’antenne. « Quand est-ce que vous allez dégager Léa Salamé ? Je ne regarde plus aucun de vos JT sauf ceux du week-end… à bon entendeur, prenez les dispositions qui s’imposent », demande un internaute. « Léa Salamé, lectrice de prompteur » critique un autre. « ‘L’important c’est le moment’ c’est bien le leitmotiv de la présentatrice non ? Ou un truc dans le genre, elle se contrefout de l’information », déplore un utilisateur, en faisant référence à la phrase que Léa Salamé a prononcée dans le podcast « Small Talk » de David Castello-Lopes. « Peu importe la question, peu importe la réponse, il faut qu’il y ait un moment (…). Mon obsession c’est qu’il y ait un moment, ce n’est pas d’aller chercher la vérité, et que l’auditeur soit surpris », avait-elle déclaré en 2023, alors qu’elle était encore aux manettes de la matinale de France inter aux côtés de Nicolas Demorand.

Depuis ses débuts en tant que présentatrice du JT de 20h de France 2, la journaliste a été épinglée deux fois avant de commettre l’erreur à propos de Dominique Bernard. Face à Marion Cotillard, elle a donné la mauvaise date de sortie du film de Guillaume Canet, « Karma », dans lequel l’actrice joue, en lui posant juste après une question sur sa séparation avec le réalisateur, ce qui a créé un moment de gêne sur le plateau (selon Le Parisien, tout avait été pourtant calé en amont et Marion Cotillard savait que la journaliste allait lui poser une question sur sa rupture amoureuse avec Guillaume Canet). Léa Salamé a également confondu Henri Guaino et Claude Guéant en s’adressant à ce dernier. Des bourdes qui ont été remarquées, et qui, répétées, semblent agacer de plus en plus les téléspectateurs. Même si, selon un cadre de l’info, la confusion concernant Dominique Bernard est « une faillite collective », « c’est Léa Salamé qui prend ».