Au-delà du courage, les quatre vertus cardinales

L’intérêt du Général Pierre Gillet pour ce sujet remonte à Saint-Cyr, où le Général Georgelin (l’un des acteurs de la reconstruction de Notre-Dame) l’incitait à lire l’Éthique à Nicomaque d’Aristote, considéré comme l’un des premiers traités sur les vertus.

Si la littérature militaire se concentre souvent sur la bravoure et la vertu de courage, cette approche est jugée incomplète par l’auteur. Il a en effet affronté des adversaires (djihadistes, rebelles) qui ne manquaient pas de courage, sans que leur cause fût pour autant « juste ». Il en a déduit que les forces morales doivent englober les quatre vertus cardinales : la prudence, la justice, la force (courage) et la tempérance.

Ces vertus sont cruciales car elles « vont infuser tout le processus » de prise de décision, nos actes se manifestant toujours par « une décision mise en œuvre ». Elles forment un « trésor intérieur », comparable à un compte épargne, qui doit être construit « dans la durée pas à pas, jour après jour », car il est trop tard de vouloir y puiser au moment de l’adversité.
 

Général Pierre GilletLa Prudence fixe un but, la Justice assure la cohésion

Le Général Gillet insiste particulièrement sur l’importance de la Prudence. Il ne s’agit pas d’hésitation, mais de la vertu qui fixe un but à atteindre qui doit « en valoir la peine ». Elle est au cœur de la définition du bien commun, et exige de pouvoir répondre clairement à la question : « au service de quelle cause je vais mettre mes bras, mon cœur et toute mon énergie ? ».

Quant à la Justice, elle est considérée comme la « vertu de la cohésion ». Elle consiste à « rendre à chacun ce qui lui est dû » et à permettre aux individus de disposer librement de leurs droits. Si le projet commun (politique, moral, sociétal) de la France est flou, il devient difficile de déterminer la part que chacun doit prendre à la réussite collective.

Pour le Général Gillet, le chef (leader ou manager) est « celui qui prend la bonne décision à temps, la fait appliquer, et crée les conditions du succès collectif ». L’art du commandement peut se résumer en trois mots : l’Exigence (ne pas avoir peur de commander), la Bienveillance (qui rend l’exigence « aimable » en comprenant la situation des gens), et la Fidélité (qui est la capacité de « faire un petit truc en plus » et de « durer un peu plus longtemps »).

Enfin, au-delà des vertus, le message essentiel se résume en l’Amour et la Liberté. L’Amour est l’esprit de sacrifice, citant Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « aimer c’est tout donner et se donner soi-même ». La Liberté, quant à elle, est une disposition morale permettant de donner le meilleur de soi-même. Un leader qui commande « avec amour » sera suivi.

Le livre du Général Pierre Gillet est disponible aux éditions du Cerf.