Le parquet de Nantes prévoit de diligenter des enquêtes pénales sur certains faits, après avoir reçu une trentaine de courriers concernant des violences sexuelles commises au collège lycée catholique Saint-Stanislas. La plupart des faits dénoncés remontent aux années 1960.
Fin septembre 2025, un mois après la conférence de presse qui avait rendu publics de premiers témoignages sur des faits commis des années 1950 à 1990, le diocèse avait dit avoir récolté soixante-trois signalements à propos de cet établissement. Sur les trente et un courriers reçus par la justice, transmis par l’évêché ou directement adressés au parquet, quinze émanent de victimes et seize de témoins, a indiqué Antoine Leroy, le procureur de la République de Nantes, jeudi 16 octobre 2025. « Certaines personnes se sont également rendues dans des commissariats de police pour donner des informations ou déposer plainte », a-t-il ajouté.
Agressions commises au sein de l’internat et lors de vacances
Neuf personnes sont mises en cause, principalement des membres du clergé, certaines décédées. « Selon les situations, des enquêtes pénales vont être diligentées », a ajouté le procureur, sans donner davantage de détails. Une enquête avait déjà été ouverte début septembre, après le suicide en 2024 d’un quadragénaire ayant confié à des proches avoir été victime de violences sexuelles lorsqu’il était interne au collège.
Les premiers témoignages évoqués par le diocèse, récoltés depuis début 2025 et émanant de victimes ou de leurs familles, décrivaient des viols, des agressions sexuelles et des attouchements commis au sein de l’internat et pour « au moins une victime », des faits survenus lors de vacances organisées par l’établissement.
« Système de prédation »
Fin septembre, un collectif de victimes a été fondé. « C’est en le constituant qu’on a découvert qu’on était passés dans le même système de prédation, avec des auteurs différents pour certains, communs pour d’autres », explique Emmanuel Cocaul, 60 ans, élève à Saint-Stanislas entre 1976 et 1984. Dès 2020, il avait témoigné auprès de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) d’agressions sexuelles commises par un aumônier – décédé depuis – entre ses 11 et 14 ans. « J’ai toujours su que c’était anormal mais le système ne reposait pas, à la différence de Bétharram par exemple, sur de la violence physique directe. C’était beaucoup plus doucereux, c’était un rapport de force, d’autorité », a-t-il déclaré.
Un autre membre du collectif, qui a préféré rester anonyme, décrit une agression sexuelle subie de la part d’un professeur de catéchèse – également décédé – au milieu des années 1960, dans la chambre du religieux. « Peut-être que ce type de prêtre repère les élèves solitaires. À la récréation, j’étais seul, j’étais la brebis fragile, facile à attraper », raconte cet enseignant à la retraite de 70 ans, ajoutant avoir ressenti une « grande tristesse » mais aussi une « once de soulagement » après avoir appris qu’il n’était pas la seule victime.
D’autres victimes dans des établissements de l’Ouest
Lors de leur conférence de presse fin août, l’évêque de Nantes et le directeur de l’enseignement catholique avaient assuré qu’un travail d’archives allait être mené à Saint-Stanislas et dans le diocèse pour éventuellement « détecter s’il y a eu des choses dissimulées, mises sous le tapis ».
Depuis 2021 et la publication du rapport de la Ciase, Saint-Stanislas a été plusieurs fois la cible de tags accusant des hommes d’Église de viol.
Au-delà de Saint-Stanislas, le parquet a dit, jeudi, avoir reçu quatorze courriers concernant d’autres établissements, notamment à Nantes et Saint-Nazaire. De son côté, le diocèse a indiqué à l’AFP avoir reçu 95 mails depuis son appel à témoignages lancé fin août, tous établissements confondus.