Après plusieurs mois de raids musclés de la police de l’immigration suivis d’expulsions massives de migrants, l’administration Trump prépare la refonte de son système d’immigration. Et elle le veut très restrictif et orienté.
La croisade de Donald Trump contre l’immigration n’a rien de nouveau, puisqu’il avait suspendu dès le début de son mandat le programme d’accueil des réfugiés, pourtant historiquement soutenu par les démocrates comme les républicains. Celui-ci permet, après de nombreux contrôles administratifs et des années d’attente, d’entrer légalement aux Etats-Unis. Le chef d’Etat américain avait ensuite demandé à son administration de formuler des propositions sur la poursuite de ce programme, qui ont été rendues à la Maison-Blanche en avril et juillet dernier et dont une partie a été obtenue par la presse américaine.
Les blancs sud-africains prioritaires
Selon l’agence Associated Press, ces propositions prévoient une diminution drastique du nombre de réfugiés accueillis sur le sol américain pendant la prochaine année fiscale, qui a débuté le 1er octobre. Le gouvernement veut ainsi accueillir 7 500 personnes en tout. En 2024, l’administration Biden s’était, elle, fixé un objectif de 125 000 réfugiés. Ces chiffres n’ont pas encore été finalisés ni transmis au Congrès et ne devraient pas être validés avant la fin du shutdown, qui paralyse l’administration américaine.
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Une chose est sûre, cependant : Donald Trump veut privilégier l’accueil des Afrikaners, les descendants des premiers colons européens en Afrique du Sud. Dès le mois de février, le président américain avait annoncé un nouveau programme d’accueil de cette minorité blanche, dont étaient issus les dirigeants du régime ségrégationniste de l’apartheid. Cette dernière serait victime selon Trump de persécution raciale, ce que l’administration sud-africaine dément. Cela n’a pas empêché les Etats-Unis d’accueillir un groupe de 49 personnes, arrivé en mai par un vol spécial.
Accueillir des réfugiés européens « pris pour cible » pour leurs idées
Un autre volet du plan de l’administration américaine consiste, selon des documents consultés par le New York Times, à cibler des Européens « pris pour cible en raison de l’expression pacifique d’opinions en ligne, telles que l’opposition à l’immigration de masse ou le soutien à des partis politiques ‘populistes' ». Selon le quotidien américain, cela semble faire référence au parti d’extrême droite allemand Alternative für Deutschland (AfD). Plus tôt cette année, le vice-président américain J.D. Vance avait âprement critiqué le « cordon sanitaire » entourant ce parti en Allemagne et son classement comme « extrémiste de droite » par les services de renseignements allemands.
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L’administration Trump est actuellement en train d’évaluer la situation en Europe pour déterminer le nombre d’Européens éligibles. Les personnes choisies devront par ailleurs être capables de s’intégrer aux Etats-Unis. Elle prendraient donc des cours sur « l’Histoire et les valeurs américaines » et le « respect des normes culturelles ». Selon les documents consultés par le journal, l’administration ne voudrait accueillir que des réfugiés « qui peuvent s’assimiler complètement et correctement et qui sont alignés avec les objectifs du président ». Ainsi, les propositions prévoient d’annuler la candidature de centaines de milliers de personnes déjà engagées dans les procédures pour demander le statut de réfugié aux Etats-Unis, dont certaines ont déjà passé les contrôles de sécurité et obtenu les recommandations nécessaires. Lorsqu’on les met en perspective, ces mesures donnent un aperçu d’un programme « qui symbolise les Etats-Unis comme un sanctuaire », analyse le NYT. Le quotidien n’a pas eu connaissance d’une date butoir quant à l’approbation ou non de ces propositions.
Quelques semaines avant la publication des plans de l’administration Trump sur les réfugiés, celle-ci avait défendu son approche à l’Assemblée générale des Nations Unies. Le sous-secrétaire d’Etat américain, Christopher Landau, avait appelé fin septembre à revoir le système d’asile international, coordonné par l’ONU et régi par le droit international. Selon CNN et Reuters, les Etats-Unis avaient appelé à davantage de « souveraineté » pour les Etats dans le choix de leur politique d’asile et enjoint les autres pays du monde à les suivre dans leur politique de restriction de l’immigration. Le dernier document obtenu par le New York Times veut justement donner davantage de pouvoir aux Etats-Unis par rapport à l’ONU sur le processus de demande d’asile.