Les dix derniers matches de Giovanni Mpetshi Perricard sur dur extérieur ? Cinq victoires pour cinq défaites. Sur gazon ? Idem. Sur terre battue ? Six succès pour quatre échecs ; si, si. Et sur dur indoor ? Là, c’est 90 % de réussite, rien que ça !
Titré à l’ATP 500 de Bâle il y a un an, en battant notamment Auger-Aliassime, Rune et Shelton, le Français est ce vendredi en quarts de finale à Bruxelles, où il a certes bénéficié ce jeudi de la blessure à l’épaule de Nikoloz Basilashvili, mais après avoir parfaitement négocié le premier set (remporté 7-5 avec 10 aces et 4 points perdus au service), avant que le Géorgien ne se flingue l’articulation sur un coup droit.
Deux ans presque jour pour jour après avoir décroché ses toutes premières victoires sur le circuit principal à Anvers, déjà indoor, Mpetshi continue à se sentir extrêmement à l’aise dès lors qu’un toit est posé au-dessus d’un court de tennis. « Il y a effectivement un grand confort lié aux conditions, explique-t-il. Qui dit indoor dit pas de vent, pas de soleil, et moins de circulation d’air ; c’est plus facile d’être précis. Il n’y a pas ces petits hasards qui font que parfois il faut prendre plus de marge avec les lignes parce que ça souffle un peu, parce que le lancer sera moins précis à cause du soleil, etc. »
Ce que le coach américain Paul Annacone, qui a notamment entraîné trois joueurs extrêmement performants en salle (par ordre d’apparition, Pete Sampras, Tim Henman et Roger Federer) résumait ainsi : « Les joueurs agressifs qui fonctionnent avec une moindre marge d’erreur que les autres sont avantagés à l’intérieur, où rien ne varie. C’est pourquoi Federer y était si spectaculaire : il pouvait prendre la balle encore plus tôt et jouer encore plus efficacement en attaque. »
49 aces en quatre sets
Un immense serveur comme Mpetshi bénéficie à plein du décor immuable en salle. Les repères visuels sur le lancer de balle au service, son arme majeure, ne changeront pas, la luminosité restant aussi exactement la même de bout en bout. Ceci explique en partie sa faculté, à Bruxelles, à avoir marqué 27 points de suite sur son engagement entre la fin de son premier tour contre Ruusuvuori et le début de son deuxième contre Basilashvili. Et à avoir déjà frappé 49 aces en seulement quatre sets. En salle, quand la balle sort à merveille de votre raquette, seul l’adversaire peut trouver un moyen de vous faire quitter l’autoroute, mais il doit bien chercher.
Le bien-être y est d’ailleurs souvent inné quand on a un profil comme celui de GMP : « L’an passé, je sortais d’une période délicate quand je me suis mis à très bien jouer à Bâle, un tournoi qui a boosté ma confiance. Et là, avant de débarquer à Bruxelles, je n’avais pas fait beaucoup d’heures indoor, peut-être juste deux entraînements, mais c’est vrai que tout de suite, avec mon jeu agressif, ça se combine assez bien », avant de glisser avec un sourire plein d’appétit : « Ouais, tout ce qui est salle, j’aime vraiment bien. »
À Bercy dès le CE2
Il vient donc d’entrer dans sa meilleure période de la saison, avec le mois de juin sur gazon, regrettant que la combinaison des deux ne soit qu’exceptionnelle : « C’est sûr que le gazon indoor, ce serait encore mieux, s’amuse-t-il, mais je n’ai connu ça qu’une fois pour l’instant ». C’était lors de son match perdu cette année d’extrême justesse face à Taylor Fritz sous le toit fermé du court n°1 de Wimbledon (6-7, 6-7, 6-4, 7-6, 6-4).
Alors qu’à Bruxelles le chemin vers le week-end final passera ce vendredi par un succès face à Lorenzo Musetti, qu’il n’a encore jamais affronté en salle, Mpetshi retrouvera la semaine prochaine les courts de Bâle, réputés les plus rapides du circuit, puis découvrira avec enthousiasme une toute nouvelle salle pour le tennis, celle de la Défense, pour le Masters 1000 de Paris : « Hâte de voir ça, même si, quand même, Bercy, c’était mythique. La deuxième fois de ma vie que j’ai vu un match de tennis en vrai, c’était là-bas. J’étais en CE2, mon père m’avait emmené. J’avais vu Federer contre Mannarino, ça m’avait beaucoup marqué. » C’était en 2011, il avait huit ans et, déjà, pour lui, le tennis indoor, c’était de la balle.