Il s’en est fallu de dix-huit voix. La motion de censure déposée par La France insoumise n’a été soutenue que par 271 députés. Il en fallait précisément 289 pour obtenir la majorité absolue dans l’hémicycle et que les députés choisissent de faire tomber le gouvernement Lecornu II. Un vote qui aurait pu entraîner la dissolution de l’Assemblée nationale, une perspective agitée par Emmanuel Macron en Conseil des ministres, lundi.
Mardi, l’annonce par Sébastien Lecornu, lors du discours de politique générale, de suspendre la réforme des retraites, avait emporté l’adhésion des socialistes. L’annonce par le PS, dans la foulée, de ne pas censurer le gouvernement, avait fortement réduit la probabilité de son éventuelle chute. Elle résidait dans le nombre d’élus susceptibles d’entrer en dissidence avec les consignes de vote de leur parti ou de leur groupe politique, notamment chez les socialistes.
Des défections dans les deux camps
Ils n’ont finalement été que sept à refuser de suivre la consigne de vote d’Olivier Faure, le premier secrétaire du PS et de Boris Vallaud, le patron des députés PS : Jiovanny William, Christian Baptiste et Béatrice Bellay (Martinique), Paul Christophle (Drôme), Peio Dufau (Pyrénées-Atlantiques), Fatiha Keloua Hachi (Seine-Saint-Denis), Philippe Naillet (Réunion).
Comme prévu, l’ensemble des députés de LFI (71), mais aussi les 123 élus du Rassemblement national et les 16 de l’Union des droites pour la République ont voté la censure comme un seul homme. La Républicaine Alexandra Martin (Alpes-Maritimes), deux non-inscrits, Véronique Besse (Vendée) et Daniel Grenon (Yonne) et un Liot, Olivier Serva (Guadeloupe), les ont rejoints dans ce vote.
A gauche, malgré les appels à la censure de présidente écologiste Cyrielle Chatelain du groupe « Ecologiste et social » et de Stéphane Peu, son homologue communiste de la « Gauche démocrate et républicaine », ces deux groupes n’ont pas fait le plein. Cinq députés sur 56 ont décidé de s’affranchir de ce vote commun. Chez les écologistes, il s’agit de Delphine Batho (Deux-Sèvres), Catherine Hervieu (Côte d’Or) et Dominique Voynet (Doubs). Chez les communistes et apparentés, de Mereana Reid Arbelot (Polynésie française) et Yannick Monnet (Allier).
Notre dossier sur Sébastien Lecornu
Après le faux départ de son premier gouvernement mort-né, le Premier ministre Sébastien Lecornu, « satisfait », peut désormais se mettre « au travail ». « Vous voyez bien la gravité de la situation dans laquelle on est. Vous voyez bien que c’est difficile. Il fallait que les débats puissent démarrer. Ils vont démarrer ». Il doit désormais réussir à doter la France d’un budget d’ici au 31 décembre 2025. La tâche ne s’annonce pas moins semée d’embûches avec une droite qui l’a soutenu à reculons, et soumise à des luttes d’influence entre Wauquiez, revenu dans le game, et Retailleau, et une gauche totalement fragmentée.