Publié le
16 oct. 2025 à 15h55
La mise en service de la ligne C du métro de Toulouse va-t-elle avoir du retard ? La capacité de Tisséo à livrer dans les temps annoncés le « projet du siècle » fait l’objet de débats depuis bien des années. Officiellement, la ligne C doit être mise en service fin 2028. Mercredi 15 octobre 2025, le calendrier de la 3ᵉ ligne a fait l’objet d’une nouvelle passe d’armes au conseil de la Métropole entre l’opposition et la majorité qui porte le projet depuis 2014. S’appuyant sur les calendriers prévisionnels d’avancée des tunneliers qui creusent le tunnel de la future ligne, l’opposition pointe plusieurs retards sur les avancées respectives prévues. Contacté par Actu Toulouse, Tisséo confirme que du retard a été pris sur certaines parties du chantier. Mais ce retard peut-il mettre à mal la livraison du chantier à la date prévue ? Le point complet.
Les tunneliers en retard
Ce mercredi, c’est le groupe AMC, par la voix de Maxime Le Texier, qui a fait part de ses interrogations quant au maintien de la date de livraison prévue pour fin 2028. Il a énuméré : « Le tunnelier Jeanne Marvig devait arriver à la station Fontaine-Lumineuse en février 2025. Il n’y est pas encore passé. Le tunnelier Lise Enjalbert devait atteindre la station 7-Deniers en octobre/novembre 2024. Tisséo prévoit désormais novembre 2025. Le tunnelier Berthe de Puybusque devait passer la station Fondeyre en décembre 2024. Il y est passé en septembre 2025. Le tunnelier Marie-Thérèse de Villeneuve-Arifat devait percer la station Matabiau en juillet 2025. Il y est depuis le 3 octobre… »
« Les tunneliers finiront leur travail début 2027 alors que tous les plannings indiquaient une fin de leur travail au premier trimestre 2026 », a poursuivi Maxime Le Texier. « Les retours d’expérience comparables (ex. ligne 14 à Paris, prolongements nord et sud) montrent qu’il faut en moyenne plus de trois ans entre la fin du creusement et l’ouverture au public ». Puis il a asséné :
Dès lors, une ouverture fin 2028, comme l’affirme le maire sortant, paraît improbable.
Maxime Le Texier
Élu d’opposition à Toulouse Métropole
À lire aussi
« A minima entre 6 et 11 mois de retard »
Pour appuyer sa démonstration, l’élu révèle aussi des informations qui auraient filtré d’une réunion de travail entre Tisséo et les entreprises œuvrant sur le chantier : « Le chantier aura, a minima, entre 6 et 11 mois de retard par rapport au calendrier initial… » Puis s’adressant à Jean-Michel Lattes, le président de Tisséo, il demande : « Maintenez-vous, oui ou non, le calendrier de livraison de la ligne C du métro à fin 2028 ? »
« Il y a un risque de retard qui est évoqué »
Contacté par Actu Toulouse, Jean-Michel Lattes confirme que certaines parties du chantier ont pris du retard, notamment le creusement du tunnel, sans donner, pour l’heure, d’information précise sur un éventuel report de la mise en service : « Il y a bien eu une réunion au mois d’août, mais c’était une réunion comme Tisséo en fait tous les trois mois avec les équipes des entreprises qui travaillent sur le chantier. Lors de cette réunion, les équipes ont évoqué la vitesse de creusement actuelle des tunneliers ».
Les tunneliers ne vont pas assez vite. Il y a un problème de convecteur pour extraire la terre. Ce problème ne permet pas d’aller aussi vite que prévu. Nous sommes actuellement dans une phase d’échanges avec Eiffage.
Jean-Michel Lattes
Président de Tisséo
« Je suis en attente des solutions que va proposer l’entreprise », ajoute le président de Tisséo. » De fait, pour l’heure, il y a un risque de retard (de la mise en service, NDLR) qui est évoqué, mais pas confirmé, dans l’attente des solutions. Lorsque l’entreprise aura proposé ses solutions, ce risque de retard sera partiellement confirmé… ou pas ».
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
S’incrire
Des retards ont déjà été compensés ces derniers mois
« On est sur un chantier classique, on ne sait jamais où l’on va et il y a toujours des problèmes à traiter », poursuit Jean-Michel Lattes. « Il y a un problème par jour sur un chantier aussi important. Sur cette partie du chantier, nous sommes en phase de compensation avec l’espoir de compenser les difficultés rencontrées, comme nous l’avons fait sur le premier tunnelier.
Le premier tunnelier a, en effet, été en retard à un moment donné. Nous avons alors travaillé avec l’opérateur pour rattraper le retard en doublant les équipes notamment.
Jean-Michel Lattes
Résultat ? « Ce tunnelier est finalement arrivé un peu en avance (un mois, NDLR) sur son tableau de marche », insiste Jean-Michel Latttes. Le même cas de figure a été rencontré avec le tunnelier de Matabiau qui a pris du retard après avoir rencontré des poches de sable. Ce retard est en train d’être compensé ».
Viaduc effondré, poches de sables : de multiples aléas techniques…
Et Jean-Michel Lattes de regarder dans le rétro de ce chantier XXL : « Nous avons actuellement 42 chantiers, qui sont considérables, lancés en même temps le long du tracé. Ils ont leurs aléas techniques, leur complexité. Les retards sont fréquents et sont traités.
Sur la partie gérée par Bouygues, du côté de Montaudran, on a eu un premier retard sur les parois moulées de certaines stations. Même chose quand le viaduc s’est effondré. Dans ce cas-là, on fait le point avec l’entreprise qui met des solutions en place pour rattraper le retard.
Jean-Michel Lattes
« Nous avons eu le même cas de figure sur le tronçon Bonnefoy géré par le groupement Demathieu Bard et Implenia », étaye encore le président de Tisséo. « Sur le tronçon géré par le troisième groupement, Eiffage, nous avons également eu des soucis, sur le boulevard de Suisse, avec un problème d’amiante. Ce retard a été compensé ».
Pour tenir le calendrier, « tout doit être fini fin 2027 »
De fait, en ce mois d’octobre Tisséo reste sur un cap précis. « Fin 2027, tout doit être fini, car nous avons besoin d’une année complète pour réaliser la marche à blanc », explique Jean-Michel Lattes, qui met en avant d’autres pans de ce chantier XXL qui avancent en parallèle : nous allons bientôt commencer à poser les carreaux dans la future station Bonnefoy, qui sera la première station de la ligne C à être terminée. Quant aux rames, la phase de test a déjà commencé à Valenciennes ».
Aux différents groupements d’entreprises coordonnés par les mastodontes du BTP de trouver les solutions pour rattraper les retards enregistrés actuellement sur le creusement de la ligne.
Un calendrier déjà décalé à plusieurs reprises
Depuis le lancement du projet en 2014, le calendrier de la troisième ligne de métro de Toulouse a été décalé à deux reprises.
En 2018, Tisséo avait annoncé que la troisième ligne de métro, initialement prévue à Toulouse pour 2024, ne serait finalement pas livrée avant 2025.
Puis, en septembre 2020, Jean-Luc Moudenc avait annoncé qu’elle ne serait pas mise en service à la fin de l’année 2025, mais avec un décalage sans préciser de date. C’est finalement en décembre 2020 que le maire de Toulouse avait annoncé un décalage de la mise en service pour la fin 2028, « en raison de l’impact de l’épidémie de Covid-19 sur les finances des collectivités territoriales et de Tisséo ».
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.