Par

Briac Trébert

Publié le

16 oct. 2025 à 16h20

Des milliers de retraités pourraient bien passer à la caisse pour renflouer les comptes de l’État. Et le ton monte. En annonçant la suspension de la réforme des retraites, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a calmé (un peu) les esprits, mais certaines mesures du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, présenté ce mardi 14 octobre 2025 en conseil des ministres, sont inflammables.

Le gel des pensions de retraite, la suppression de l’abattement de 10 % et la mise en place d’un forfait à 2 000 euros sur les pensions de retraite ou encore le doublement des franchises médicales, ça ne passe pas, comme nous l’expliquons dans cet article. L’hiver social s’annonce chaud.

« Ça va être les premières victimes de cette explosion des frais de santé »

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a ainsi appelé ce jeudi 16 octobre à la « mobilisation » et a déjà donné une date : le jeudi 6 novembre 2025 sera « une journée d’action des retraités ».

« La pilule est particulièrement violente pour les retraités », a-t-elle insisté, sur France 2, ce jeudi :

« Ça va être les premières victimes de cette explosion des frais de santé, parce que c’est eux qui ont besoin de se soigner le plus. En plus, ils ont une désindexation de leurs pensions pour 2026. Et en plus, cette désindexation, elle est gravée dans le marbre », a-t-elle listé, remontée.

Car il est proposé dans ce projet de ne pas revaloriser les pensions de retraite de base en 2026. Et la sous-indexation des pensions de retraite de base de 0,4 % par an est également envisagée à partir de 2027. Sans compter, donc, une augmentation des impôts des retraités, avec une remise en cause des abattements.

Si on fait le cumul de ces trois mesures, on voit que les retraités sont dans le viseur. Tout ça parce qu’on refuse d’aller taxer les plus riches et d’affronter les multinationales et les rentiers.

Sophie Binet
Secrétaire générale de la CGT, sur France 2, ce jeudi 16 octobre 2025

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Des efforts auxquels risquent de s’ajouter des frais de santé supplémentaires, donc. « Les franchises médicales verront leurs montants considérablement augmenter. Si ce budget était adopté, il y aurait un reste à charge de 350 euros par malade. C’est ce qu’il y a de plus injuste comme politique sociale », a martelé Sophie Binet.

Allocations logement, allocations aux adultes handicapés…

Dans la version actuelle du PLFSS pour 2026, le déficit de l’ensemble des branches de la Sécurité sociale est prévu à 17,5 milliards d’euros en 2026, soit 5,5 milliards d’euros de moins qu’en 2025.

À peine installé, le deuxième gouvernement de Sébastien Lecornu a affronté ce jeudi deux motions de censure, lancées par l’extrême gauche et l’extrême droite. Toutes deux ont été rejetées, dans un scrutin serré, faute de soutien des socialistes. Mais ça bouillonne néanmoins en coulisses.

Pour la CGT, ce budget est « une violente cure d’austérité » qui reprend la copie de François Bayrou avec le gel des prestations sociales (allocations familiales, allocations logement, allocations aux adultes handicapés…) et des salaires des fonctionnaires, désindexation des pensions en 2026, 2027 et probablement après, suppression de plus de 3 000 postes dans la fonction publique, doublement des franchises médicales et baisse du budget de la santé, des hôpitaux et des Ehpad, les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.

Les débats autour du budget débuteront normalement la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. La commission des Finances s’en emparera dès le lundi 20 octobre, et il devrait arriver dans l’hémicycle le vendredi 24 octobre. La bataille entre une gauche désunie, un socle commun fracturé et le Rassemblement national s’annonce dantesque, dans des délais très contraints. Et pourrait bien déborder dans la rue. Une nouvelle fois.

Avec AFP

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